Un passeport en règle
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En son temps, dans un village du Jura suisse, vivait un jeune homme, marié et père d’un enfant. Pour les besoins de son petit commerce, autant que par goût personnel, il s’était procuré une moto ; il l’utilisait sans prudence malgré les dangers de la route. Pour le dire en passant, est-il plus grande vanité que cette vitesse, dont on se fait gloire ? Arriver le premier, dépasser une autre machine sur la route, pouvoir dire : « j’ai mis une heure pour aller à telle ville », ou : « J’ai fait du 100, 130, 180 kilomètres à l’heure ». De tels exploits paraissent l’idéal de milliers de gens acharnés à aller toujours plus vite. Ces personnes sont bien caractérisées par ce que dit l’apôtre Paul : « Aux derniers jours, les hommes seront vantards » (La Bible dans la deuxième épître à Timothée ch. 3, 2). Le vrai chrétien fait contraste avec cela ; il est heureux de se tourner vers des objets autrement plus élevés ; le psalmiste disait déjà : « Ceux-ci font gloire de leurs chars et ceux-là de leurs chevaux, mais nous, du nom de l’Éternel, notre Dieu ». (Psaume 20, 7). Dieu ne pense pas comme sa créature (déchue). Dieu veut qu’elle marche plus doucement. « Arrête-toi » disait le prophète au roi Saül « et je te ferai entendre une parole de Dieu ». Et encore (Prov. 2, 10) : « Si la sagesse entre dans ton coeur, et si la connaissance est agréable à ton âme, la réflexion te préservera ». Mais est-ce que l’homme désire réfléchir ? ou aime-t-il mieux être submergé par les affaires de la vie ? qu’en est-il de l’éternité ?
Revenons à notre jeune homme. Un jour d’été, il s’était rendu à toute allure dans une ville située à 30 km de son domicile. Là, il s’attarda plus qu’il n’était nécessaire ; la nuit tombait quand il repartit. Il fallait que le trajet du retour se fasse encore plus vite qu’à l’aller. En route, une autre moto frôla la sienne et en un clin d’oeil il se trouva renversé au bord du chemin. Il se releva, souffrant de lésions internes, mais sans graves blessures apparentes. Il réagit de son mieux, put enfourcher de nouveau sa machine, et, non sans beaucoup de peine, parvenir à son domicile. Sa famille fit appeler d’urgence le médecin qui jugera le cas plus grave qu’il ne paraissait ; il fut conduit clinique. En effet, le cas était grave : huit jours après l’accident, le malheureux n’était plus.
La semaine qu’il passa ainsi à la clinique avant de mourir fut extrêmement pénible. Le sixième jour, j’ (l’auteur de ce traité évangélique) entendis dire dans le village que le mal avait empiré. Le motard n’en aurait plus que pour quelques heures ! J’avais bien connu ce jeune homme dès son enfance. Je me sentis pressé d’aller le voir. Il n’y avait pas une minute à perdre. M’étant recommandé au Seigneur pour le cas où je pourrais lui adresser au moins une parole, je me présentai à la clinique. C’était le soir, déjà bien tard. Je dus attendre longtemps, car le malade était très mal et exigeait des soins pressants. Par moment, je me demandais si l’ennemi réussirait à me barrer le passage et m’empêcherait de pénétrer jusqu’à ce lit de souffrances. Mais enfin, je fus introduit. Cinq ou six personnes étaient là : le docteur, son personnel, des parents. La faiblesse du jeune homme était telle qu’on ne m’accordait pas plus de trois minutes pour lui parler. Je m’avançai tout près de son visage et je lui dis à l’oreille : « Sais-tu, mon cher, que tu as besoin d’un passeport pour aller au ciel, et que ce passeport, c’est Jésus, duquel il est dit que son sang nous purifie de tout péché ». A ces quelques paroles, j’ajoutai une toute petite prière, une de ces prières qu’on a appelées des « prières-flèches » jetées en peu de mots quand le temps presse ; Néhémie en avait adressé une telle au Dieu des cieux (Néhémie 2, 4).
En ce vendredi soir, je quittai la chambre. Le dimanche matin j’apprenais qu’il avait quitté ce monde avec son passeport en règle. Le Seigneur avait béni ces quelques paroles pour son âme. Il y avait eu chez lui un travail de conscience extraordinaire, dans la matinée du samedi : le lion (Satan) qui rôde autour de nous cherchait à reprendre la proie qui lui échappait. Mais la délivrance était proche et il put montrer sa foi jusqu’à la fin. Son frère et sa sœur, qui ne le quittaient pas, étaient émerveillés du changement qui s’était opéré en lui ; ils n’avaient jamais assisté à une scène semblable. Il redisait continuellement : « Ne me croyez-vous pas ! Ne savez-vous pas que j’ai mon passeport en règle ? »
Nous avons remercié le Seigneur ensemble pour cette grande délivrance. À un grand pécheur Dieu avait donné un grand Sauveur. Six mois après, la chère compagne qu’il laissait, elle aussi, minée par l’épreuve et par une maladie qui ne pardonne pas, s’en est allée auprès du Seigneur : pendant ce laps de temps il lui a été accordé de voir ce monde sous son vrai jour, un monde trompeur, et de se tourner vers le Seigneur pour recevoir la vie éternelle.
Quelle joie de pouvoir dire comme l’auteur du Psaume (126, 3) :
« L’Éternel a fait de grandes choses pour ceux-ci ; nous en avons été réjouis ».
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