Mort du Seigneur et Trinité

 

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Pensées en rapport avec la mort du Seigneur et  les personnes de la Trinité


La Trinité

Dieu avait clairement déclaré à Israël par Moise : «L’Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel» (Deutéronome 6:4). Aussi le premier commandement de la loi précisait-il : «Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face». 1 Timothée 2:5 affirme : «Dieu est un» ou «il y a un seul Dieu» (note).

Pourtant Dieu s’est manifesté en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit.

À la première page de la Parole de Dieu, Élohim est au pluriel, le verbe qui suit au singulier, impliquant déjà cette Trinité encore mystérieuse. Plusieurs y voient une allusion à la triple bénédiction de Nombres 6:24-26: D’abord la bénédiction du Père ; puis la lumière et la grâce qui seront apportées par le Fils ; enfin la gloire de Christ révélée par l’Esprit (Jean 16:14) avec la paix qui en est le fruit (Galates 5:22).

Mais il faut arriver au Nouveau Testament et au baptême de Jean pour que la Trinité soit pleinement révélée : Jésus vient au Jourdain et prend place, quoique sans péché lui-même, avec ceux qui confessaient les leurs. Pour qu’il ne soit pas confondu avec ceux qui l’entourent, la voix du Père se fait entendre : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir» et Jésus vit «l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur Lui» (Matthieu 3:16-17).

Au moment de quitter les siens, le Seigneur Jésus les envoie pour faire disciples toutes les nations et les baptiser «pour le nom du Père et du Fils et du Saint Esprit» (Matthieu 28:19). Remarquons le nom et non pas les noms.

Et l’apôtre terminera la deuxième épître aux Corinthiens en écrivant : «Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, et l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous».

Ce qui était voilé dans l’Ancien Testament, est pleinement révélé dans le Nouveau. La foi accepte cette révélation telle que la Parole nous la donne, sans que nous puissions sonder complètement ce mystère (1 Corinthiens 13:12).


Quelques versets de la Bible

1. Hébreux 9:14
combien plus le sang du Christ, qui, par l’
Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, pour que vous serviez le Dieu vivant!

 

2. Hébreux 7:27 

qui n’est pas journellement dans la nécessité, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple; car cela, il l’a fait une fois pour toutes, s’étant offert luimême.

 

3. Hébreux 9:14
combien plus le sang du Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est
offert luimême à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, pour que vous serviez le Dieu vivant!

 

4. Galates 2:20

Je suis crucifié avec Christ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi; -et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré luimême pour moi.

 

5. Éphésiens 5:2
et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est
livré luimême pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur.

 

6. Éphésiens 5:25
Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est
livré luimême pour elle

 

7. Jean 3:16

Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle.

 

8. Esaïe 53:4

Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs; et nous, nous l’avons estimé battu, frappé de Dieu, et affligé;

 

9. Esaïe 53:10

Mais il plut à l’Éternel de le meurtrir; il l’a soumis à la souffrance. S’il livre son âme en sacrifice pour le péché, il verra une semence; il prolongera ses jours, et le plaisir de l’Éternel prospérera en sa main.

 

10. Actes 2:23

– ayant été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu, lui, vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques

 

11. Matthieu 26:42 

Il s’en alla de nouveau une seconde fois, et il pria, disant, Mon Père, s’il n’est pas possible que ceci passe loin de moi, sans que je le boive, que ta volonté soit faite.


Ces onze passages, parmi d’autres, nous aident à saisir quelque peu le rôle des personnes divines  dans l’œuvre de la croix. Ils donnent aussi occasion de parler de différents côtés du sacrifice de Christ, notamment en tant qu’holocauste. Reprenons ces passages en mettant l’accent sur l’une des personnes de la Trinité tout en remarquant une imbrication remarquable  :


En rapport avec l’Esprit

Le premier passage indique que c’est par l’Esprit éternel (ou Saint Esprit) que Christ s’est offert lui-même. Par le Saint Esprit, Christ est devenu et il a vécu sa vie de perfection. Ainsi, par l’Esprit éternel, comme homme parfait, il «s’est offert lui-même à Dieu sans tache» (voir Luc 1:35 ; Act. 10:38). Dans Hébreux 2, 9, nous lisons que «par la grâce de Dieu», Jésus a goûté la mort «pour tout». Ici, dans Hébreux 9, 14, nous apprenons qu’il s’est offert lui-même à Dieu sans tache. Nous pouvons ainsi annoncer aux pécheurs que Christ s’est offert lui-même à Dieu, mais pour eux.

L’offrande de Christ est une offrande volontaire et elle est aussi sans tache. Elle est ainsi parfaite d’une perfection qui la faisait agréer de Dieu. C’était le véritable holocauste. Un autre trait vient encore s’ajouter à ce qui fait l’excellence du sacrifice de Christ. Il s’offre par l’Esprit éternel. Il le fait animé et mû entièrement dans cet acte par la puissance de l’Esprit de Dieu qui demeurait en lui comme homme. L’Esprit n’est pas nommé ici l’Esprit Saint, mais l’Esprit éternel, de même que la rédemption accomplie par le sacrifice de Christ est éternelle. La puissance dans laquelle Christ s’est offert est donc aussi caractérisée par ce même mot. L’Esprit par lequel Christ a accompli son sacrifice lui confère une efficacité et une valeur éternelles.


En rapport avec Christ qui s’offre lui-même (Hébreux 9, 14)

Les passages deux à six indiquent qu’il s’est offert lui-même. « Il » représente, dans ces passages:  « Christ » ainsi que « le Fils de Dieu ». Il s’est offert à Dieu, il s’est offert pour moi, il s’est offert pour l’assemblée.


Commentaires  sur ces passages :  

Hébreux 7, 27

Il est écrit : «S’étant offert lui-même». Cela ne signifie pas qu’il s’est immolé lui-même, accomplissant ainsi un acte de sacrificateur. Mais il s’est présenté lui-même comme offrande, il s’est donné lui-même pour être la victime du sacrifice (Gal. 1:4; 2:20; Éph. 5:2, 25). De même ce n’est pas lui qui a versé son sang, mais son sang a été versé (Matt. 26:28). Dans la sacrificature lévitique, il y avait même bien des cas où ce n’était pas le sacrificateur qui immolait lui-même la victime (Lév. 1:5, 11; 3:2, 8, 13; 4:4, 24, 29, etc).


Hébreux 9, 14

Ce verset renferme tout à la fois le côté du Saint Esprit et de Christ. Voir commentaires dans la section précédente. 

Galates 2, 20

Celui qui, par la foi, a reçu la vie, vit à Dieu. Il ne vit plus pour soi. «Christ vit en moi», dit l’apôtre. Il est en moi une source de vie, de communion, de joie divine, d’affections saintes, de lumière et de force. Seulement je vis encore dans la chair, je suis encore dans le corps, mais avec la faculté de me livrer tout entier «à Dieu comme d’entre les morts, étant fait vivant, et mes membres à Dieu comme instruments de justice» (Rom. 6:13). Pour ma conduite dans ce monde, je vis dans la foi au Fils de Dieu et je trouve en Lui un motif suprême pour vivre ainsi : «Il m’a aimé».

Christ seul pouvait se livrer lui-même et le fait de son obéissance jusqu’à la mort de la croix « pour moi » devrait avoir sur chaque croyant l’effet qui fut dans la vie de l’apôtre Paul et cela l’a caractérisé pendant toute sa course.


Éphésiens 5, 2

Ainsi d’abord, comme enfants, nous sommes exhortés à marcher dans l’amour. Tout de suite, Christ est placé devant nous comme le grand exemple de cet amour. En lui nous voyons le dévouement de l’amour; il s’est livré Lui-même pour les autres, et ce dévouement monte à Dieu comme un sacrifice de bonne odeur. Un tel amour va bien au-delà des exigences de la loi qui demande qu’un homme aime son prochain comme lui-même. Christ a fait plus, car il s’est livré lui-même à Dieu pour nous. C’est cet amour que nous sommes appelés à imiter, un amour qui nous conduirait à nous sacrifier pour nos frères. Un tel amour, dans sa petite mesure, montera comme il en a été de l’amour infini de Christ, en parfum de bonne odeur à Dieu. L’amour qui a amené l’assemblée à Philippes à répondre aux besoins de l’apôtre a été pour Dieu «un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu» (Phil. 4:16-18).


Éphésiens 5, 25

Il faut d’abord que Jésus acquière cette Église, pour avoir le droit de la laver, de la sanctifier. Il veut la composer de pauvres pécheurs, mais elle doit être à lui, pour qu’il ait le droit de s’en occuper. D’abord, il se rend responsable de tout ce qu’elle a fait : «Il l’a aimée et s’est livré lui-même pour elle». Il ne lui donne pas quelque chose ; il le fera plus tard ; mais il a dû la prendre telle quelle, avec toute sa dette, avec tout son avoir, quand elle n’avait que le péché. Avant de s’occuper de la purifier, il se charge de tout ce qu’elle a fait, se livre lui-même pour elle. S’il l’a rachetée de son état de péché, personne ne peut plus revendiquer sur elle aucun droit. Elle lui appartient entièrement ; il se l’est appropriée en se chargeant lui-même de tous ses péchés. Cela est parfaitement accompli.

Alors il commence une tout autre oeuvre, celle de la rendre conforme à ses pensées, après l’avoir rachetée. «Il s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier», et de la rendre telle qu’il la veut. La Parole est l’instrument qu’il emploie à cet effet. La Parole est l’expression de la pensée de Dieu, dans la révélation de lui-même et de tout ce qu’il a voulu nous faire connaître de notre propre état. En cela, il peut y avoir toujours du progrès. L’âme a à connaître Christ, comme étant sa justice devant Dieu et sa puissance contre Satan. Il importe de voir comment Dieu s’y prend pour le lui faire comprendre.

 

La Parole peut pénétrer dans une âme, ignorant encore que Jésus s’est donné pour elle. Cela produit dans l’âme du malaise, une conviction de péché, à la suite de ce peu de lumière qui y pénètre. On ne se rend pas encore bien compte de son état ; quand on a compris que Christ s’est livré lui-même pour nous, c’est l’oeuvre proprement dite de la grâce. Pour être chrétien, dans le vrai sens du mot, il faut avoir reçu cela ; nous connaissons alors son amour, sa grâce ; quant à la justice de Dieu, nous savons que Christ est notre justice, et nous trouvons la paix.

 

Mais il s’est livré afin qu’il sanctifiât l’Église ; il veut se la présenter sans tache. De ce que j’ai la paix, s’ensuit-il que je sois sans tache ? Aucunement. La lumière n’entre pas dans nos coeurs et nos consciences pour éclairer Dieu à notre sujet, mais pour nous éclairer nous-mêmes sur ce que nous sommes. On est réveillé, né de nouveau, mais à mesure que la lumière, la Parole, la révélation des pensées de Dieu, pénètre, elle nous fait connaître ce que nous sommes devant Dieu. Quelque vrai progrès que nous fassions, la parole de Dieu est toujours une lumière dans la conscience, lumière qui nous donne cette connaissance.


En rapport avec Dieu qui donne, avec le Fils qui est soumis au Père

Les passages sept à onze sont en rapport avec l’amour de Dieu qui donne son fils unique. Nous y voyons aussi la soumission du fils. Ils sont ensemble en amour et en puissance.


Commentaires sur ces passages :


Jean 3, 16

Dans ce verset, qui est un résumé remarquable de l’évangile, nous relèverons que, selon les conseils de Dieu, à cause de l’état de l’homme, que le Fils de l’homme — car Jésus était plus que Messie — soit élevé et rejeté de la terre. Mais cette élévation du Fils de l’homme a été son rejet de la part du monde. Christ n’a pas pu — car l’homme était pécheur — prendre sa place de Messie pour la bénédiction d’Israël ; il a fallu qu’il souffrît sous un autre caractère, comme Celui qui a dû dire à tous les hommes : «Comme Moïse éleva le serpent dans le désert…» (vers. 14) . Au lieu d’un Messie vivant, il leur fallait un Fils de l’homme rejeté et mourant. La croix est la puissance qui guérit, qui sauve l’homme. Quiconque croira en Lui ne périra pas, mais aura la vie éternelle — car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils. Cette vérité avait une immense portée ; elle ouvrait le chemin à la manifestation la plus complète de Dieu et de la grâce, ou plutôt même, elle était cette manifestation. Dieu faisait une oeuvre efficace, non pas pour accomplir les promesses prophétiques seulement, mais pour amener les hommes à Dieu, «afin que quiconque croit en Lui (le Fils de l’homme), ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle». Cette oeuvre était nécessaire ; il fallait que l’expiation fût faite, que la rédemption fût accomplie, si l’homme devait entrer en relation avec un Dieu saint. S’il y avait une révélation de la nature divine, et si, pour y participer, il fallait avoir affaire avec Dieu, l’expiation était nécessaire aussi bien que la nouvelle naissance : il fallait que le Fils de l’homme, Celui qui, comme homme, devait, dans la nature de l’homme, hériter de toutes choses, et qui avait entrepris la cause de l’homme, fût élevé comme le serpent dans le désert ; il fallait qu’il fût fait péché pour nous, afin que les hommes pussent regarder vers Lui et vivre.
L’expiation répondait au besoin de l’homme ; mais ce n’est là qu’un côté de la vérité. Celui qui s’en tient à elle seulement, voit ce qui satisfait à la sainte nature et au jugement de Dieu, mais Dieu est devant lui comme un juge saint ; et l’expiation, par conséquent, ne donne pas à l’âme une pleine liberté : elle est le côté propitiatoire, le côté nécessaire de la mort de Christ. Mais d’où est-elle procédée ? De ce que Dieu a tant aimé le monde, que le Fils de l’homme qui devait être élevé était le Fils de Dieu, que Dieu, dans son amour, avait donné. Dieu a tant aimé, qu’il a donné. Ainsi, si la propitiation était nécessaire, c’est l’amour qui est la source de tout. La sainteté de la nature de Dieu et son juste jugement sont maintenus pour ce qui regarde le péché, mais son amour est manifesté. Le Fils de l’homme était Fils de Dieu : il était l’un et l’autre à cette fin merveilleuse, que l’homme pécheur, quel qu’il fût, qui croirait en Jésus, eût la vie éternelle. Ce fut là aussi l’épreuve finale de l’homme.

La nature de Dieu est donc révélée, et une double oeuvre est accomplie, qui, en même temps qu’elle met l’homme en état de jouir de cette nature par le fait qu’il est né d’elle, glorifie aussi cette nature dans tout son caractère, en sorte que le don de la vie éternelle maintient et manifeste l’amour, la sainteté et la justice de Dieu.


Esaïe 53, 4 et Esaïe 53, 10

v. 4-12. Bien plus, ce Résidu comprend une seconde chose, — le but de Dieu en l’envoyant. Ce but était l’amour. Ils comprennent l’amour, l’amour en Christ, l’amour en Dieu. Leurs iniquités avaient attiré le coeur d’un Dieu sauveur. Ils voient le moyen par lequel Il les guérissait dans sa vie (Matt. 8:17) et par lequel Il les a guéris dans sa mort. Quel contraste entre leur chemin, que chacun a suivi comme des brebis errantes (v. 6) et son chemin à Lui (v. 7)! Son silence était le résultat d’une profonde et absolue détermination de se livrer en obéissance, pour la gloire de Dieu (v. 7; Lam. 3:28; Ps. 38:13-15).

Aussi son sacrifice a porté une conséquence immédiate. Il a été avec le riche dans sa mort (v. 9). Maintenant le prophète (ou le Résidu qu’il représente) considère le résultat de son sacrifice. S’il plut à Dieu, s’il convenait, comme répondant à la volonté divine, de le meurtrir, il jouira enfin pleinement du travail de son âme, quand Il se reposera dans son amour (Soph.
3:17).

Les v. 11 et 12 reviennent aux conséquences merveilleuses du sacrifice et de la mort de Christ (compté comme transgresseur en mourant pour les transgresseurs) en faveur du Résidu.

Nous ne pouvons entrer dans le détail de ce merveilleux chapitre que dans la mesure de son application immédiate au Résidu d’Israël.


Actes 2, 23

Au verset 23, il va parler de sa mort. Le verset 22 nous parle de la vie de Christ sur la terre: l’approbation de Dieu était manifestée par tous les prodiges que Dieu avait accomplis par Lui au milieu de son peuple. Au verset 23, il est question de sa mort, des deux aspects de sa mort: le côté de Dieu et le côté de l’homme. Christ était venu ici-bas pour accomplir l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire. « Jésus le Nazaréen » était une expression qui devait rappeler au peuple qu’il était venu pour les sauver de leurs péchés (Matth. 1, 21). Pour accomplir ce salut, il fallait sa mort, c’était le conseil de Dieu, c’était la préconnaissance de Dieu. Nous retrouvons au chapitre dans la prière des versets 24 à 30 des expressions à peu près semblables, v. 27 : « Car en effet, dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, se sont assemblés et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminées devoir être faites » . Les hommes au fond n’accomplissent pas autre chose que ce que Dieu a déterminé, mais malgré cela la culpabilité de l’homme demeure incontestable. Les hommes n’ont pas fait autre chose que ce que Dieu avait décrété de toute éternité, mais s’il y a le conseil de Dieu, il y a la culpabilité de l’homme. Toutes les espérances des Juifs reposaient sur la venue du Messie. Or, Lui qui était le fondement de toutes leurs espérances, ils l’avaient livré aux Romains pour qu’il soit crucifié ! Il semblait que la rupture était irréparable entre le peuple et Dieu. Elle l’eût été s’il n’y avait pas eu le conseil de Dieu. Le Seigneur a fait ressortir les deux aspects, le côté de Dieu et le coté de l’homme avant d’aller à la croix, lors de l’institution de la cène: « Le fils de l’homme s’en va, selon qu’il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le fils de l’homme est livré ! Il eut été bon pour cet homme-là qu’il ne fût pas né ». (Marc 14, 21). Il fallait que les Ecritures fussent accomplies.


Matthieu 26, 42

Après cela, il se rendit à Gethsémané. Quelles que fussent les tristesses, les douleurs, les souffrances de Jésus de la part des hommes, il ne les endura jamais sans en avoir porté d’abord le fardeau sur son coeur, seul à seul avec son Père. Avant de les subir de fait et extérieurement, il les subissait intérieurement en son esprit. Je crois que c’est ici le trait caractéristique de ce qui nous est raconté, bien qu’il s’agisse, en outre, des terreurs de la mort, — et de quelle mort ! — sous la puissance du prince de ce monde qui cependant ne trouva rien en Lui. Ainsi, à cette heure même, c’est Dieu qui fut glorifié dans le Fils de l’homme, comme aussi après avoir été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, il déclare à ses frères le nom de son Père et de leur Père, de son Dieu et de leur Dieu : la nature de Dieu et leur relation avec Lui. En Gethsémané, toutefois, Jésus invoque seulement son Père ; tandis que, sur la croix, il s’écrie : «Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ?»

Le Seigneur, dans le jardin des Oliviers, exhorte ses disciples à veiller et à prier ; mais c’est ce qu’ils trouvent le plus difficile : ils s’endorment et ne prient pas. Quel contraste aussi entre leur conduite et celle de Jésus, quand vint l’épreuve, bien que leur part en fût légère comparée à la sienne ! Le monde envisage la mort avec le sang-froid qui brave tout, parce
qu’il ne croit à rien, ou elle est à ses yeux une angoisse qui met fin aux jouissances terrestres, le sombre portail qui conduit à l’inconnu. Pour le croyant, pour le disciple juif, avant la rédemption, la mort était, en un sens, plus terrible, à cause des lumières qu’il possédait sur Dieu et sur l’état moral de l’homme. Mais maintenant tout a été changé par la mort de Christ, dont les disciples n’avaient qu’une vague idée, mais dont l’ombre seule, en se projetant sur eux, suffisait pour les terrifier et pour paralyser leur foi. Pierre, qui avait le plus de confiance en la force de son affection, prouva combien peu il savait ce que c’est que la mort ; et qu’eût-elle été pour lui en comparaison de ce qu’elle était pour Jésus ! Ainsi tous faiblissent. Un seul resta debout, inébranlable, montrant au milieu de son anéantissement même, qu’il était Celui qui donne la force, et manifestant les richesses de la grâce alors qu’il se trouvait broyé sous le poids d’un jugement tel que l’homme n’en connaîtra jamais.

 

En rapport avec ce passage, ajoutons encore quelques commentaires relativement à Luc 22, 42:  Luc nous parle, dans ce chapitre 22, d’une troisième coupe bien différente ; celle-ci, le Seigneur a dû la boire seul : c’est la coupe amère de la colère de Dieu, sujet d’effroi et d’épouvante pour son âme sainte, que dans sa parfaite dépendance et soumission, il accepta de la main du Père en Gethsémané et but jusqu’à la lie pendant les heures de ténèbres de la croix. Qui pourrait sonder cet abîme de souffrances morales de la sainte victime expiatoire, dépassant infiniment les souffrances physiques de la crucifixion ? Le Seigneur avait refusé le vin mixtionné de myrrhe, destiné à atténuer les souffrances des crucifiés en les étourdissant, parce qu’Il voulait éprouver pleinement et consciemment les tortures infligées par la méchanceté de l’homme déchaîné ; mais il a bu «le vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère» (Apoc. 14:10). Quelle coupe affreuse le Dieu juste fit boire au Juste parfait, quand il dut détourner sa face de lui ! Rappelons-nous ce que disait autrefois le prophète Jérémie (25:15) : «Ainsi m’a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Prends de ma main la coupe du vin de cette fureur». Et le prophète Ésaïe (51:17) : toi «qui as bu de la main de l’Éternel la coupe de sa fureur, qui as bu, qui as vidé jusqu’au fond le calice de la coupe d’étourdissement».

 

Ces expressions si frappantes en rapport avec la colère divine nous font entrevoir ce que furent les douleurs morales de l’expiation pour Celui qui resta seul sur la croix, environné des angoisses de l’obscurité profonde, rejeté par la terre, repoussé par le ciel voilé, abandonné par Dieu, dans une détresse indicible ; frappé, maudit, tel fut alors le Christ. Mystère insondable, Dieu ne put répondre à son cri déchirant, parce qu’il plut à l’Éternel de le meurtrir (És. 53:10). Boire cette coupe de colère, c’était pour Christ être meurtri, broyé, blessé dans ses affections et ses sentiments les plus intimes, comme nous l’enseignent bien des types de l’Ancien Testament : la manne, broyée sous la meule ou pilée dans le mortier (Nomb. 11:8) ; les drogues odoriférantes et l’encens pilés très fin (Ex. 30:36) ; les grains broyés de l’offrande de gâteau des premiers fruits (Lév. 2:14).


Celui qui a vidé la coupe amère à notre place nous présente maintenant, dans la Cène, une coupe de joie, de délivrance. Nous avons assisté, impuissants et passifs, à cette lutte gigantesque contre les puissances des ténèbres ; le Seigneur a été seul pour lutter et pour vaincre, mais il nous associe à lui pour jouir des fruits de sa victoire (1 Sam. 30:24). Ne le privons pas de la réponse qu’il attend, lui qui, en instituant le mémorial pour le temps de son absence, a demandé à ceux pour lesquels il a tant souffert : «Faites ceci en mémoire de moi» (1 Cor. 11:24).

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