Livre du prophète Daniel (27ème livre de la Bible)

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Lecture des chapitres

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Commentaires des chapitres

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Autres commentaires

Auteur et date  #  Son but   #   Ses particularités   #

I n t r o d u c t i o n

 

En résumé ce livre nous présente quatre royaumes :

1.  Le royaume de Babylone dans les chapitres 1 à 8

2.  Le royaume des Mèdes et des Perses dans les chapitres 6, 9, 10, 11 et 12

3.  La Grèce dans ces mêmes chapitres

4.  L’empire romain également dans ces mêmes chapitres

 

Le royaume de Babylone est symbolisé dans la statue du chapitre deux ainsi que par les animaux du chapitre sept. Il y a d’un côté la tête d’or et de l’autre le lion portant des ailes d’aigles. Il est caractérisé par un pouvoir royal absolu. Sous ce règne, Jérusalem est prise et détruite. Le peuple est emmené en captivité à Babylone. Le royaume de Babylone a duré soixante-huit ans, soit dès l’an 608 à 538 av. J.-C.   

Le deuxième royaume, celui des Mèdes et des Perses, est symbolisé dans la statue du chapitre deux  par la poitrine et les bras d’argent. Au chapitre sept, il l’est par l’ours se dressant sur un côté et ayant trois côtes dans la gueule. Dans les animaux du chapitre huitc’est ce bélier à deux cornes inégales. Ce royaume des Mèdes et des Perses est caractérisé par un pouvoir royal moins absolu que celui de Babylone. Il y a un déséquilibre des deux éléments constitutifs. Il y a une conquête dans trois directions. Dans ses relations avec Israël, Cyrus, roi des Mèdes et des Perses publie un édit ordonnant aux captifs de Juda de retourner en Palestine. Darius, fils d’Hystaspe et Artaxerxès dit Longue-Main, font reconstruire le temple et la ville de Jérusalem. Mais les Juifs ne retrouvent pas leur indépendance. Ce royaume s’étend de l’an 538 à 331 av. J.-C., soit deux cents sept ans.

Le troisième royaume est la Grèce, symbolisée au chapitre deux par le ventre et les cuisses d’airain. Au chapitre sept c’est le léopard ailé à quatre têtes et au chapitre huit c’est ce bouc ayant une grande corne entre les yeux. Ce royaume de la Grèce est caractérisé par une grande rapidité dans les conquêtes et par une domination plus étendue que les deux premiers royaumes. Puis l’empire sera divisé en quatre parties. Quant à ses relations avec Israël, la Palestine est envahie plusieurs fois et ravagée par les successeurs d’Alexandre le Grand. Le plus acharné est Antiochus Epiphane, roi de Syrie. Ce royaume dure de l’an 331 à 168 av. J.-C., soit cent soixante-trois ans.

Le quatrième et dernier empire est l’empire romain. Ce sont les jambes de fer et les pieds de fer et d’argile du chapitre deux. C’est la bête effrayante ayant de grandes dents de fer et des ongles d’airain, portant dix cornes, au chapitre sept. Cet empire romain est caractérisé par une force brutale, domination de fer s’étendant à l’orient et à l’occident. Cet empire sera reconstitué après la venue du Seigneur. Il le détruira lors de son apparition en gloire. Les Romains occupent la Palestine. Dans leurs relations avec Israël, ils prélèvent un tribu. Ils crucifient le Messie, détruisent la ville et le temple de Jérusalem et dispersent les Juifs dans le monde entier. Ce royaume dure de l’an 168 av. J.-C, jusqu’à la fin.

Remarquons encore que la durée de chaque royaume est proportionnée à la longueur des parties de la statue qu’ils représentent.



Chapitre 1

1 La troisième année* du règne de Jehoïakim, roi de Juda, Nebucadnetsar, roi de Babylone, vint à Jérusalem et l’assiégea; 2 et le Seigneur livra en sa main Jehoïakim, roi de Juda, et une partie des ustensiles de la maison de Dieu, et il les fit apporter dans le pays de Shinhar, dans la maison de son dieu: il fit porter les ustensiles dans la maison du trésor de son dieu.

3 Et le roi dit à Ashpenaz, chef de ses eunuques, d’amener d’entre les fils d’Israël, et de la semence royale et d’entre les nobles, des jeunes gens en qui il n’y eût aucun défaut, et beaux de visage, et instruits en toute sagesse, et possédant des connaissances, et entendus en science, et qui fussent capables de se tenir dans le palais du roi, — et de leur enseigner les lettres et la langue des Chaldéens. 5 Et le roi leur assigna, pour chaque jour, une portion fixe des mets délicats du roi et du vin qu’il buvait, pour les élever pendant trois ans, à la fin desquels ils se tiendraient devant le roi.

6 Et parmi eux il y avait, d’entre les fils de Juda, Daniel, Hanania, Mishaël, et Azaria; 7 et le prince des eunuques leur donna des noms: à Daniel il donna [le nom de] Belteshatsar, et à Hanania celui de Shadrac, et à Mishaël celui de Méshac, et à Azaria celui d’Abed-Nego. 8 Et Daniel arrêta dans son cœur qu’il ne se souillerait point par les mets délicats du roi et par le vin qu’il buvait; et il demanda au prince des eunuques [de lui permettre] de ne pas se souiller.

9 Et Dieu fit trouver à Daniel faveur et grâce auprès du prince des eunuques. 10 Et le prince des eunuques dit à Daniel: Je crains le roi mon seigneur, qui a prescrit votre nourriture et votre boisson; car pourquoi verrait-il vos visages plus tristes que ceux des jeunes gens de votre âge? Et vous exposeriez ma tête auprès du roi. 11 Et Daniel dit à l’intendant* que le prince des eunuques avait établi sur Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria: 12 Éprouve, je te prie, tes serviteurs dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger, et de l’eau à boire; 13 et on regardera, en ta présence, nos visages et le visage des jeunes gens qui mangent les mets délicats du roi; et tu agiras avec tes serviteurs d’après ce que tu verras. 14 Et il les écouta dans cette affaire, et les mit à l’épreuve, dix jours; 15 et, au bout de dix jours, leurs visages avaient meilleure apparence et étaient plus gras* que ceux de tous les jeunes gens qui mangeaient les mets délicats du roi. 16 Alors l’intendant ôta leurs mets délicats et le vin de leur boisson, et leur donna des légumes.

17 Et à ces jeunes gens, aux quatre, Dieu donna de la science et de l’instruction dans toutes les lettres et dans toute la sagesse; et Daniel avait de l’intelligence en toute vision et dans les songes. 18 Et, à la fin des jours où le roi avait dit de les amener, le prince des eunuques les amena devant Nebucadnetsar; 19 et le roi parla avec eux, et entre eux tous il n’en fut trouvé aucun comme Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria; et ils se tinrent devant le roi. 20 Et dans toutes les choses qui réclamaient de la sagesse et de l’intelligence*, au sujet desquelles le roi les interrogea, il les trouva dix fois supérieurs à tous les devins** [et] enchanteurs qui étaient dans tout son royaume. 21 Et Daniel fut là jusqu’à la première année du roi Cyrus.*

v. 1: date: A.C. 607. / v. 11: ou: à Meltsar. / v. 15: litt.: gras de chair. / v. 20*: litt.: toute chose de sagesse d’intelligence. / v. 20**: ou: scribes, comme Genèse 41:8, 24. / v. 21: date: A.C. 536.



Chapitre 2

1 Et en la seconde année du règne de Nebucadnetsar,Nebucadnetsar songea des songes, et son esprit fut agité, et son sommeil le quitta. 2 Et le roi commanda d’appeler les devins, et les enchanteurs, et les magiciens, et les Chaldéens, pour exposer au roi ses songes; et ils vinrent et se tinrent devant le roi. 3 Et le roi leur dit: J’ai songé un songe, et mon esprit est agité pour connaître le songe. Et les Chaldéens dirent au roi, en syriaque*: Ô roi, vis à jamais! Dis le songe à tes serviteurs, et nous en indiquerons l’interprétation. 5 Le roi répondit et dit aux Chaldéens: La chose est par moi prononcée: si vous ne me faites pas connaître le songe et son interprétation, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites
en tas d’immondices; 6 mais, si vous indiquez le songe et son interprétation, vous recevrez de ma part des dons, et des présents, et de grands honneurs. Indiquez-moi donc le songe et son interprétation. Ils répondirent pour la seconde fois et dirent: Que le roi dise le songe à ses serviteurs et nous en indiquerons l’interprétation. 8 Le roi répondit et dit: Je sais très-certainement que vous voulez gagner dutemps, parce que vous voyez que la chose est par moi prononcée; or, si vous ne me faites pas connaître le songe, il y a un seul et même décret pour vous; car vous avez préparé une parole mensongère et perverse pour la dire devant moi, en attendant que le temps ait changé. C’est pourquoi, dites-moi le songe, et je saurai que vous pouvez m’en indiquer l’interprétation. 10 Les Chaldéens répondirent devant le roi et dirent: Il n’existe pas un homme sur la terre qui puisse indiquer la chose que le roi demande*; c’est pourquoi aucun roi, quelque grand et puissant qu’il fût, n’a demandé chose pareille d’aucun devin, ou enchanteur, ou Chaldéen; 11 et la chose que le roi demande est difficile, et il n’existe personne qui puisse l’indiquer devant le roi, excepté les dieux*, dont la demeure n’est pas avec la chair.

12 À cause de cela, le roi s’irrita et se mit dans une très-grande colère, et commanda de détruire tous les sages de Babylone. 13 Et un décret fut promulgué [portant] que les sages fussent tués; et on chercha Daniel et ses compagnons, pour les tuer. 14 Alors Daniel répondit avec prudence et avec sens à Arioc, chef des gardes du roi, qui était sorti pour tuer les sages de Babylone; 15 il répondit et dit à Arioc, le grand
officier* du roi: Pourquoi ce décret est-il si rigoureux de par le roi? Alors Arioc fit connaître la chose à Daniel. 16 Et Daniel entra et demanda au roi de lui accorder du temps pour indiquer au roi l’interprétation.

17 Alors Daniel s’en alla à sa maison et fit connaître la chose à Hanania, Mishaël et Azaria, ses compagnons, 18 pour implorer, de la part du Dieu* des cieux, [ses] compassions au sujet de ce secret, afin que Daniel et ses compagnons ne fussent pas détruits avec le reste des sages de Babylone. 19 Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision de la nuit. Alors Daniel bénit le Dieu des cieux. 20 Daniel répondit et dit: Béni soit le* nom de Dieu, d’éternité en éternité! car la sagesse et la puissance sont à lui, 21  et c’est lui qui change les temps et les saisons, qui dépose les rois et établit les rois, qui donne la sagesse aux sages et la connaissance à ceux qui connaissent l’intelligence: 22 c’est lui qui révèle les choses profondes et secrètes; il sait ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure auprès de lui. 23 Toi, Dieu de mes pères, je te célèbre et je te loue, parce que tu m’as donné sagesse et puissance, et que maintenant tu m’as fait connaître ce que nous t’avons demandé, nous ayant fait connaître la chose que réclame le roi*.

24 C’est pourquoi Daniel entra auprès d’Arioc, que le roi avait établi pour détruire les sages de Babylone; il alla, et lui parla ainsi: Ne détruis pas les sages de Babylone; conduis-moi devant le roi, et j’indiquerai au roi l’interprétation. 25 Alors Arioc fit entrer Daniel en hâte devant le roi, et lui parla ainsi: J’ai trouvé un homme, des fils de la captivité de Juda, qui fera connaître au roi l’interprétation. 26 Le roi répondit et dit à Daniel, dont le nom était Belteshatsar: Peux-tu me faire connaître le songe que j’ai vu et son interprétation? 27 Daniel répondit devant le roi, et dit: Le secret que le roi demande, les sages, les enchanteurs, les devins, les augures, n’ont pu l’indiquer au roi; 28 mais il y a un Dieu dans les cieux qui révèle les secrets et fait savoir au roi Nebucadnetsar ce qui arrivera à la fin des jours. Ton songe et les visions de ta tête, sur ton lit, les voici:

29 Toi, ô roi,… tes pensées, sur ton lit, sont montées [dans ton esprit], ce qui doit arriver ci-après; et celui qui révèle les secrets te fait savoir ce qui va arriver. 30 Et quant à moi, ce n’est pas par quelque sagesse qui soit en moi plus qu’en tous les vivants, que ce secret m’a été révélé: c’est afin que l’interprétation soit connue du roi, et que tu connaisses les pensées de ton cœur.

31 Toi, ô roi, tu voyais, et voici une grande statue*: cette statue était grande, et sa splendeur, extraordinaire; elle se tint devant toi, et son aspect était terrible. 32 La tête de cette statue était d’or pur; sa poitrine et ses bras, d’argent; son ventre et ses cuisses, d’airain; 33 ses jambes, de fer; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile. 34 Tu vis, jusqu’à ce qu’une pierre se détacha sans mains; et elle frappa la statue dans ses pieds de fer et d’argile, et les broya; 35 alors furent broyés ensemble le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la balle de l’aire d’été; et le vent les emporta, et il ne se trouva aucun lieu pour eux; et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne qui remplit toute la terre. 36 C’est là le songe, et nous en dirons l’interprétation devant le roi.

37 Toi, ô roi, tu es le roi des rois, auquel le Dieu des cieux a donné le royaume, la puissance, et la force, et la gloire; 38 et partout où habitent les fils des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, il les a mis entre tes mains* et t’a fait dominer sur eux tous. Toi, tu es cette tête d’or. 39 Et après toi s’élèvera un autre royaume, inférieur à toi; puis un troisième [et] autre royaume, d’airain, qui dominera sur toute la terre. 40 Et le quatrième royaume sera fort comme le fer. De même que le fer broie et écrase tout, et que le fer brise toutes ces choses, il broiera et brisera. 41 Et selon que tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, le royaume sera divisé; et il y aura en lui de la dureté du fer, selon que tu as vu le fer mêlé avec de l’argile grasse; 42 et quant à ce que les orteils des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, le royaume sera en partie fort et sera en partie fragile. 43 Et selon que tu as vu le fer mêlé avec de l’argile grasse, ils se mêleront à la semence des hommes, mais ils n’adhéreront pas l’un à l’autre, de même que le fer ne se mêle pas avec l’argile. 44 Et dans les jours de ces rois, le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit; et ce royaume ne passera point à un autre peuple; il broiera et détruira tous ces royaumes, mais lui, il subsistera à toujours. 45 Selon que tu as vu que, de la montagne, la pierre s’est détachée sans mains, et qu’elle a broyé le fer, l’airain, l’argile, l’argent et l’or, le grand Dieu fait connaître au roi ce qui arrivera ci-après. Et le songe est certain, et son interprétation est sûre.

46 Alors le roi Nebucadnetsar tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et commanda de lui présenter une offrande et des parfums. 47 Le roi répondit et dit à Daniel: En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et le révélateur des secrets, puisque tu as pu révéler ce secret. 48 Alors le roi éleva Daniel en dignité, et lui fit beaucoup de grands dons, et l’établit gouverneur sur toute la province de Babylone, et grand intendant de tous les sages de Babylone. 49 Et Daniel fit une demande au roi, qui établit Shadrac, Méshac et Abed-Nego sur les services de la province de Babylone. Et Daniel [se tenait] à la porte du roi.

v. 1: date: A.C. 605. / v. 4: ou: araméen. / v. 8: litt.: acheter le. / v. 10: litt.: la chose du roi. / v. 11: chaldéen: Élah, ici, au pluriel, / voir la note à Esdras 4:24. Les chapitres 2:4 à 7:28 sont écrits en araméen et ont toujours:  Élah. / v. 15: ou: chef des gardes. / v. 18: voir note verset 11. / v. 20: litt.: son. / v. 23: litt.: la chose du roi. / v. 31: ou: image / v. 38: ou: hommes, il a mis entre tes mains les bêtes des champs et les, etc.

 

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Commentaires des chapitres 1 et 2

Chapitre 1 : Introduction. Décision de Daniel et réponse de Dieu

Chapitres 2 à 6  Le caractère des empires universels

Chapitre 2 : les quatre empires universels ; la vision humaine de Nébucadnetsar

Le livre de Daniel a deux parties : l’histoire des empires gentils commençant avec Nebucadnetsar, la tête d’or. Puis, en second lieu, une vision particulière de Daniel. Cette vision commence au chapitre sept. Elle signale l’état et les circonstances des saints en relation avec l’histoire plus amplement révélée de ces empires. Il est aussi question des jugements qui viennent les mettre tous de côté en faveur d’Israël. Mais Daniel arrive seulement à la porte du millénium sans en développer le sujet.

Le chapitre premier présente la position et le rôle de Daniel. Dans le deuxième, il y a le songe de Nébucadnetsar, qui consiste en une statue, et son interprétation. Le temps des nations commence.

Le livre de Daniel traite du temps où Israël, le peuple de Dieu est assujetti aux Gentils. La première chose présentée est l’accomplissement de la menace faite à Ezéchias en Es. 39, 6-7. Le trône de Dieu n’est plus à Jérusalem. La puissance et le royaume sont transportés au milieu des Gentils. Désormais Israël, en vertu du jugement de Dieu, n’est plus le peuple de Dieu. Ce peuple est transporté à Babylone. Il est en captivité. Cependant Dieu ne l’abandonne pas et approprie ses bénédictions à cet état quel qu’il soit. Il importait donc aux fidèles d’Israël de connaître l’histoire de la puissance des Gentils à laquelle le peuple de Dieu était assujetti. Il fallait connaître le caractère et la conduite de cette puissance et quelle serait la condition du peuple de Dieu sous son empire. Enfin quel serait l’effet de ces circonstances pour l’accomplissement des promesses faites à Israël. Dieu avait ainsi confié à des Gentils la puissance sur la terre. En tout cela, la gloire de Dieu est en vue et il importait aussi de connaître quelle serait la conduite des Gentils en rapport avec leur responsabilité quant au gouvernement de la terre. La conduite d’Israël était donc aussi en vue sous cette domination.


Les deux sujets principaux de ce livre sont donc 1) le caractère et la conduite des quatre monarchies qui remplissent la période appelée «le temps des Gentils», depuis le moment où Dieu s’est retiré de Jérusalem, où son trône a cessé d’y être, et où il a transféré aux Gentils la puissance impériale du monde jusqu’au moment du rétablissement de ce trône en Israël. 2) le rapport de ces nations avec Israël, son peuple, pendant la période où ces nations exercent la suprématie qui leur a été confiée.


En tout cela le chrétien est informé du train de ce monde, averti des choses qui ne se voient pas encore. Il s’en sépare, s’en éloigne. De plus il est tranquille et heureux et il ne sent pas le besoin de livrer son cœur au monde qui l’entoure car Dieu a d’avance ordonné quel en sera le cours et a révélé quelle en sera la fin. Nous sommes aussi heureux de ce que Dieu s’entretient avec nous. Il communique et nous sommes joyeux par cet entretien. Dieu nous parle. Que cela puisse fortifier notre foi et augmenter la sanctification de nos âmes de même que notre affermissement !

 

Les chapitres un à six de ce livre renferment les songes du roi Nebucadnetsar ou  les circonstances survenues au chef de l’empire. Nous y trouvons les grands principes généraux des monarchies des Gentils ou leurs histoires publiques dans ce monde communiquées prophétiquement à leurs chefs, manifestées dans leur conduite. Les six derniers chapitres renferment des communications faites au prophète lui-même. Elles révèlent non seulement les circonstances de l’histoire de ces empires, mais ce qu’ils sont aux yeux de Dieu, ainsi que les détails de leur rapport avec les Juifs et avec le culte célébré au milieu de ce peuple.

Il est intéressant de voir, au premier chapitre, ce qui caractérise Daniel et pourquoi il devient dépositaire des voies de Dieu pendant ce temps de la détresse et de la captivité de son peuple. C’est qu’il refuse de se souiller en mangeant la nourriture de ce monde. En répondant aux prières de Daniel, Dieu permet que lui et ses compagnons soient en meilleure santé que tous ceux qui s’accommodaient aux voies et à la nourriture de ce monde. En un mot Daniel est fidèle en ce qu’il constitue la séparation complète du monde selon la loi juive, et refuse de se nourrir des viandes de la table du monarque, conduite en apparence condamnable, mais Dieu répond pleinement à sa foi. Ce fait est donné comme base de l’introduction de toutes les révélations de ce livre. Il en est de même pour nous. C’est la séparation du monde qui nous permet de recevoir des communications de Dieu et c’est par la foi que Dieu nous fait comprendre les révélations données dans la Parole.

Remarquons que Daniel connaissait Dieu sous son caractère de «Dieu des cieux». Au ch. 2, 21, Daniel ne court pas vers le roi pour lui révéler le songe. Non, il se tourne d’abord avec action de grâces vers Dieu qui l’a exaucé. Et nous voyons qu’auprès du roi Daniel ne s’élève pas. Il se cache pour ainsi dire derrière la gloire de Dieu. C’est quand nous nous anéantissons complètement que nous sommes élevés. Car si Daniel disparaît, Dieu lui-même se manifeste en lui. Quant à l’interprétation du songe, peu de mots suffisent vu les lumières généralement répandues aujourd’hui sur ce sujet. Tous y reconnaissent les quatre grandes monarchies que sont celles de Babylone, des Mèdes et des Perses, des Grecs et de la romaine.

Au ch. 2, 37 et 38 c’est le Dieu des cieux qui donne à Nebucadnetsar une domination universelle, unique, absolue pour la terre et non sur les mers. Il ne nous est pas dit sur quelle échelle cela a été réalisé, mais le don en a été fait et cette monarchie est la première qui, à ce qu’il paraît, ait possédé cette puissance de la manière la plus pure et la plus absolue, c’est-à-dire directement de la part de Dieu. Elle était dans la personne de son chef, la tête d’or.

Le fer et l’argile, quatrième empire, montrait cet empire dur, mais partagé, résultat de l’union de l’empire avec des éléments hétérogènes. Il semble que cette argile, ce fer, étaient les barbares avec ce qui était proprement romain. Au sujet de cette pierre qui s’est détachée sans mains. remarquons que c’est uniquement après avoir exécuté le jugement qui brise et détruit la puissance des Gentils, que Christ établira son royaume qui remplira la terre, un royaume de justice et de paix, mais précédé par un grand jugement (ch. 2, 44).

 

Dans ces chapitres un et deux, il y a l’histoire des monarchies sans qu’elles soient caractérisées moralement devant Dieu et sans que leur conduite nous soit révélée. Les chapitres trois à six feront état de ces caractères moraux et de la conduite qui s’y rattache. Les traits qui en sont donnés peuvent déjà être relevés :

Premièrement : c’est l’idolâtrie à la puissance civile s’efforçant de soumettre le peuple à la loi d’une unité religieuse dont cette puissance a établi l’objet, savoir la statue d’or. Deuxièmement : c’est que les chefs de l’empire deviennent des bêtes, c’est-à-dire qu’ils perdent la conscience de leur relation avec Dieu au lieu d’être sous sa dépendance selon les lumières du pouvoir d’en-haut, ce qui est la seule vraie gloire de l’homme. Ayant perdu ces lumières, l’homme se place au rang des bêtes. Troisièmement : c’est l’impiété. Elle se montre dans la conduite de la puissance impériale envers les Juifs et le Dieu des Juifs dont ils déshonorent le nom ainsi que tout ce qui sert à son culte. Quatrièmement : c’est l’exaltation de l’homme, le chef de l’empire se faisant Dieu et défendant qu’on adresse des prières à d’autres qu’à lui seul.

Dans tous ces cas, l’histoire se termine par l’exaltation du vrai Dieu. Dans le premier cas, le Gentil reconnaît le Dieu de ceux qui ont préféré la fournaise à l’idolâtrie. Dans le deuxième, les Gentils eux-mêmes reconnaissent le Dieu des cieux qui les a abaissés, qu’ils marchaient dans leur orgueil, orgueil dont Babylone avait été le centre. Dans le troisième, le jugement est exécuté contre le roi impie. Dans le quatrième ce n’est pas seulement le Dieu des cieux qui est proclamé, mais sa puissance est établie avec autorité. Il est reconnu que son royaume est celui qui durera à toujours.

Daniel se distingue des autres prophètes en ce que son livre embrasse tout le temps des nations, c’est-à-dire la très longue période allant de la transportation à Babylone jusqu’au rétablissement futur d’Israël sous le règne de Christ.

La tête d’or est donc l’empire de Babylone, la poitrine d’argent le royaume Médo-Perse, le ventre et les cuisses d’airain l’empire grec d’Alexandre le Grand tandis que les jambes et les pieds représentent l’empire romain.

 

Nous distinguons deux classes de Gentils :

1. Ceux qui étaient ennemis des Juifs lorsque Dieu était avec eux sur la terre et les reconnaissaient

2. Ceux qui seront ennemis quand Dieu reconnaîtra de nouveau son peuple sur la terre.

La deuxième classe concerne les Gentils qui oppriment les Juifs pendant le temps où Dieu a écrit sur eux «Lo-Ammi », c’est-à-dire «pas mon peuple».

 

Après avoir envoyé des prophètes et qu’il n’y eut plus de remède, Dieu fut obligé d’abandonner les Juifs au jugement. Alors il suscita Nebucadnetsar et le temps des Gentils a commencé. Il a encore son cours. L’empire a passé de Babylone à la Perse, de la Perse à la Grèce, et les Juifs étaient esclaves des Romains, des Gentils, lorsque Christ arriva. Donc deux classes de prophéties quant à ce qui concerne les Gentils, l’une se rapportant aux ennemis du peuple de Dieu pendant que Dieu reconnaît ce peuple, l’autre se rapportant aux oppresseurs d’Israël, pendant qu’Israël est rejeté, et que Dieu ne reconnaît pas ce peuple. Es. 66, 6-14 montre le rétablissement des Juifs. Depuis ce temps des Gentils Dieu n’a plus son trône sur la terre. C’est pourquoi en Daniel nous n’avons pas le Dieu de la terre mais le Dieu du ciel. Ezéchiel montre le jugement sur Jérusalem dont Nebucadnetsar était l’instrument. Géographiquement l’Assyrien est maintenant la Turquie d’Asie et une partie de la Perse. Mais dans les derniers jours l’Assyrien apparaîtra sur la scène dans la puissance russe, selon Ezé. 37, 38. Les divisions de la Russie et de l’Empire romain ne sont jamais confondues dans l’Ecriture. De nombreux passages montrent un jugement général des Gentils, dont Es. 24; Jér. 25; Soph. 3; Agg. 2, etc.

Au sujet de la statue, le fer mêlé avec l’argile présente l’état actuel des choses. La petite pierre détruit tout avant de grandir. Ce qui grandit, c’est la pierre qui a détruit la statue. Nous avons ici l’arrivée du royaume de Christ en jugement, et une destruction totale des empires qui ont présenté l’action de la pierre, action qui s’est exercée sur le dernier empire, et plus particulièrement sur les pieds de fer et d’argile, dernière forme de la statue considérée au milieu de sa distribution géographique et de son état, en partie fort, en partie faible. Dans les pieds de fer et d’argile, il y a, à n’en pas douter, les éléments germains et latins.

Le livre de Daniel est particulier en ce qu’il ne s’adresse pas au peuple dans son ensemble, mais personnellement à Daniel au sujet de ce peuple. Le «Lo-Ammi» avait résonné à son oreille par la bouche d’Osée, à peu près deux cents ans auparavant. Pour la vraie intelligence du livre, il faut se pénétrer de ce «Lo-Ammi», c’est-à-dire: pas mon peuple. Daniel est le prophète des temps des nations.

Notons que le chapitre premier de Daniel sert d’introduction à l’ensemble du livre. Mais ceci n’empêche pas que des principes moraux de toute importance y soient contenus, principes propres à soutenir la foi en des jours de déclin et de ruine.

 

Daniel signifie jugement de Dieu.

Hanania : donné de Dieu

Mishaël : qui est ce qu’est Dieu

Azaria : celui que Jéhovah aide

 

Au lieu de ces noms suggestifs, le prince des eunuques leur en donne des nouveaux tirés des idoles de Babylone.

Avec le deuxième chapitre, la partie prophétique du livre commence. La première partie prophétique, qui va  jusqu’au chapitre six, traite surtout des caractères et de la condition des grands empires gentils. C’est pourquoi les songes s’adressent à Nebucadnetsar et non à Daniel directement, bien que seul Daniel soit capable de les interpréter. Si Dieu va juger les différents systèmes de ce monde, politique, sociaux, religieux, il prend soin de le faire savoir longtemps à l’avance. L’homme est donc sans excuses.

Par l’étude de ce livre nous apprenons la grande leçon de se conserver pur du monde. La conduite individuelle de Daniel est la base des révélations de ce livre. La division des deux parties de ce livre est encore ponctuée par la langue propre à chacune, c’est-à-dire que depuis le chapitre 2, 4 jusqu’au chapitre 7, 28 le syriaque ou chaldéen est utilisé, tandis que les chapitres à 12 sont rédigés en hébreu. Le syriaque était familier aux babyloniens. L’hébreu est la langue des Juifs.

En avançant dans l’étude de Daniel, nous verrons deux catégories distinctes de prophètes. Premièrement, ceux qui, comme Esaïe s’adressent directement à la nation juive encore reconnue de Dieu. Deuxièmement, ceux qui, comme Daniel, sont revêtus de leur office après qu’elle ait été rejetée. Les premiers nous parlent surtout de l’Assyrien, et les derniers de Babylone et des puissances qui lui succèdent. Jér. 25 établit la durée de l’empire babylonien. Le v. 37 de Daniel 2 n’est dit que pour l’empire de Babylone. Le royaume des Mèdes et des Perses sera inférieur à celui de Babylone en magnificence, mais non en étendue, puisqu’il dominera sur toute la terre. Cet empire, qui dure plus longtemps que celui de Babylone, prend fin en 536-533 av.J.-C., écrasé sous la puissance nouvelle d’Alexandre le Grand dont les livres profanes racontent la gloire.

Quand Rome reparaîtra, ce sera dans la condition figurée par les orteils des pieds. Les dix orteils correspondent aux dix cornes de Daniel chapitre sept. Les deux premiers versets de Daniel se relient à la fin du livre des Rois et des Chroniques, et résument le dénouement de l’histoire des rois de Juda.

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Chapitre 3

* 1 Nebucadnetsar, le roi, fit une statued’or; sa hauteur était de soixante coudées, sa largeur, de six coudées; il la dressa dans la plaine de Dura, dans la province de Babylone. 2 Et Nebucadnetsar, le roi, envoya [un ordre] pour assembler les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les conseillers, les légistes, et tous les magistrats des provinces, afin qu’ils vinssent pour la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée. 3 Alors s’assemblèrent les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les conseillers, les légistes, et tous les magistrats des provinces, pour la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée; et ils se tinrent devant la statue que Nebucadnetsar avait dressée.

4 Et un héraut cria avec force: Il vous est ordonné, peuples, peuplades, et langues: 5 Aussitôt que vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or que Nebucadnetsar, le roi, a dressée; 6 et quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas, sera jeté à l’heure même au milieu d’une fournaise de feu ardent. 7 C’est pourquoi, au moment même où tous les peuples entendirent le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, et toute espèce de musique, tous les peuples, peuplades et langues, se prosternèrent [et] adorèrent la statue d’or que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée.

8 À cause de cela, en ce même moment, des hommes chaldéens s’approchèrent et accusèrent* les Juifs. 9 Ils prirent la parole et dirent au roi Nebucadnetsar:  10 Ô roi, vis à jamais! Toi, ô roi, tu as donné ordre que tout homme qui entendrait le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, se prosterne et adore la statue d’or, 11 et que quiconque ne se prosternerait pas et n’adorerait pas, serait jeté au milieu d’une fournaise de feu ardent. 12 Il y a des hommes juifs, que tu as établis sur les services de la province de Babylone, Shadrac, Méshac et Abed-Nego: ces hommes ne tiennent pas compte de toi, ô roi; ils ne servent pas tes dieux, et la statue d’or que tu as dressée ils ne l’adorent pas. 13 Alors Nebucadnetsar, en colère et en fureur, commanda d’amener Shadrac, Méshac et Abed-Nego; alors on amena ces hommes devant le roi. 14 Nebucadnetsar prit la parole et leur dit: Est-ce à dessein, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, que vous ne servez pas mon dieu, et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai dressée? 15 Maintenant, si, au moment où vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous êtes prêts à vous prosterner et à adorer la statue que j’ai faite…; mais si vous ne l’adorez pas, à l’instant même vous serez jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main? 16 Shadrac, Méshac et Abed-Nego répondirent et dirent au roi: Nebucadnetsar, il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet. 17 S’il en est [comme tu dis], notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et il [nous] délivrera de ta main, ô roi! 18 Et sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as dressée.

19 Alors Nebucadnetsar fut rempli de fureur, et l’apparence de son visage fut changée envers Shadrac, Méshac et Abed-Nego. Il prit la parole et commanda de chauffer la fournaise sept fois plus qu’on n’était accoutumé de lachauffer; 20 et il commanda aux hommes les plus vaillants de son armée, de lier Shadrac, Méshac et Abed-Nego, et de les jeter dans la fournaise de feu ardent. 21 Alors ces hommes furent liés dans leurs caleçons, leurs tuniques, et leurs manteaux et leurs vêtements, et jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. 22 Parce que la parole du roi était rigoureuse et la fournaise extrêmement chauffée, la flamme du feu tua ces hommes qui avaient fait monter Shadrac, Méshac et Abed-Nego; 23 et ces trois hommes, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise de feu ardent.

24 Alors le roi Nebucadnetsar, consterné, se leva précipitamment [et] prit la parole et dit à ses conseillers: N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés? Ils répondirent et dirent au roi: Certainement, ô roi! 25 Il répondit et dit: Voici, je vois quatre hommes déliés, se promenant au milieu du feu, et ils n’ont aucun mal; et l’aspect du quatrième est semblable à un fils de Dieu*. 26 Alors Nebucadnetsar s’approcha de l’ouverture de la fournaise de feu ardent; il prit la parole et dit: Shadrac, Méshac et Abed-Nego, serviteurs du Dieu Très-haut, sortez et venez! Alors Shadrac, Méshac et Abed-Nego sortirent du milieu du feu. 27 Et les satrapes, les préfets, les gouverneurs, et les conseillers du roi, qui étaient assemblés, virent ces hommes sur le corps desquels le feu
n’avait eu aucune puissance: les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, et leurs caleçons n’avaient pas changé, et l’odeur du feu n’avait pas passé sur eux. 28 Nebucadnetsar prit la parole et dit: Béni soit le Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego, qui a envoyé son ange et a sauvé ses serviteurs qui se sont confiés en lui, et ont changé la parole du roi, et ont livré leurs corps, afin de ne servir et n’adorer aucun autre dieu que leur Dieu. 29 Et de par moi l’ordre est donné qu’en tout peuple, peuplade, et langue, quiconque parlera mal du Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d’immondices, parce qu’il n’y a pas d’autre Dieu qui puisse sauver ainsi. 30 Alors le roi élevaShadrac, Méshac et Abed-Nego dans la province de Babylone.

v. 1: ou: image. / v. 8: accuser, ici, et 6:24, litt.: manger les morceaux de. / v. 19: litt.: qu’on ne l’avait vue. / v. 25: ou: des dieux; chaldéen: Élah, au pluriel, comme 2:11. / v. 30: élever, élever à de grands honneurs.


 



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Commentaires du chapitre 3

Chapitres 2 à 6

Le caractère des empires universels

Chapitre 3 :
La statue d’or; idolâtrie

Le chapitre deux a présenté l’histoire générale dont ce livre s’occupe, communiqué dans un rêve à Nebucadnetsar qui en reçoit l’interprétation par le prophète Daniel. Les chapitres trois à six présentent les caractères et la conduite des empires de cette histoire avec les grands principes qui les gouvernent. Au lieu d’être soumis à Dieu, ils sont en rébellion contre lui, ce qui leur attire le jugement divin.


Trois principes dans ces trois premiers chapitres de Daniel: 1) Etre mis à part pour Dieu quoique puisse coûter cette séparation. 2) Se reposer complètement sur lui dans les difficultés. 3) Souffrir avec patience pour son nom. Dans le chapitre trois, il y a le premier péché qui caractérise la puissance des Gentils ou la puissance qui règne de leur temps. C’est l’idolâtrie.

 

Au chapitre quatre, ces empires deviennent des bêtes. Ils agissent comme telles, cessant d’être soumises et perdent l’intelligence. Les hommes reconnaissent leur assujettissement à Dieu, pas les bêtes. Au chapitre cinq l’impiété est manifestée. Et au sixième, le chef de l’empire s’élève pour se faire Dieu lui-même.

 

Dans la deuxième partie (chapitres sept à douze), vient le détail des circonstances de ces empires et leur relation spéciale avec le peuple de Dieu.

 

Chapitre 3

Au sujet des v. 1 à 8, les recherches archéologiques indiquent que le monument de la statue était colossal. Le piédestal fait état d’une gigantesque statue et tout porte à croire qu’il y a un rapport avec le premier verset. Nebucadnetsar, rentré victorieux d’une campagne en Egypte, avait sans doute vu la colossale image de Ramsès le Grand, qui attire encore aujourd’hui les regards des voyageurs, et voulait la surpasser en magnificence. Il érigea ainsi dans son propre pays, non en une image de pierre, mais d’or.

 

Il présente les grands principes de conduite de la puissance qui domine pendant le temps des Gentils. L’idolâtrie est la première chose que la puissance civile établit dans le but de fonder l’unité religieuse. Pour ce faire, le peuple du vrai Dieu est mis à distance et autre chose vient en substitution. C’est le grand principe qui caractérise l’empire des Gentils donnant du même coup l’occasion au peuple de Dieu de manifester leur fidélité. Adorer une statue, c’est de l’idolâtrie. Satan pousse les puissances civiles à établir l’unité, afin que tout soit bien uni, et réglé sous sa domination. C’est ce que fait Nebucadnetsar dans les versets 1 à 3. Puis au v. 15 : «Maintenant, si, au moment où vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous êtes prêts à vous prosterner et à adorer la statue que j’ai faite…; mais si vous ne l’adorez pas, à l’instant même vous serez jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. Et qui est le dieu qui vous délivrera de ma main?»  La fin de ce verset 15 est une marque d’impiété doublé d’un principe de blasphème qui a été celui de la bête, de tout temps et en toutes circonstances, l’idée de la puissance qu’elle possède et qu’elle tient. Souvenons-nous que le Dieu qui donne la puissance la domine aussi. L’impiété s’approprie cette puissance. En Hab. 1, 11 elle est devenue son dieu. L’impiété veut s’arroger tous les droits en dépit de Dieu. Elle se lie immédiatement à l’idolâtrie, à l’unité en matière de religion, car elle tombe dans les mains de l’ennemi en s’éloignant de Dieu. Au milieu de cela, Dieu a des serviteurs, des personnes sous sa dépendance, et il leur envoie des ordres. Si quelqu’un empêche les serviteurs de recevoir ces ordres, il empiète non seulement sur leurs droits, mais sur ceux de Dieu et c’est là le grand point. Dieu tirera vengeance de tout cela. C’est une chose terrible de violer la conscience d’autrui pour satisfaire à sa propre méchanceté. Mettre les droits de Dieu de côté comme Nebucadnetsar est un principe blasphématoire qui s’attache aux Gentils dès le commencement. Voilà le premier acte de cette tête d’or, fondement même de la puissance des Gentils, qui nous est présenté dans notre chapitre.

 

Tenir les peuples soumis et les unir les uns aux autres est effectivement un moyen très puissant pour exercer une grande influence sur eux. Cette unité est le fruit d’une puissance civile ou d’une religion. Par conséquent la persécution atténuée ou marquée est là pour aboutir à ce dessein d’unité. Ceux qui ne se joignent pas à cette unité idolâtre reçoivent ainsi la sentence des v. 6, 15, 20, 21, 22, 23, etc. Verset 23 : «Et ces trois hommes, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise de feu ardent».

 

Une autre conséquence manifestée, qui est l’une des marques de toute cette puissance des Gentils, c’est l’impiété qui non seulement ne veut pas respecter la conscience, mais de plus, ne tient pas compte du droit de Dieu. La conscience est importante sans doute. Mais les droits de Dieu le sont encore davantage.

 

Versets 17 à 29 : il est touchant de voir que Shadrac, Méshac, Abed-Nego ne s’inquiètent de rien. Malgré cette confiance, ils n’échappent pas à la persécution. Ils subissent l’épreuve. Dieu permet à Nebucadnetsar d’accomplir tout ce qu’il veut. Plus tard, Daniel aussi ne sera pas épargné en étant jeté dans la fosse aux lions. Ces hommes se soumettent entièrement quant au corps mais ne cèdent en rien quant à l’âme. Dans le feu, ils trouvent le Fils de Dieu (v. 25): le creuset de l’épreuve est un lieu de rendez-vous. Souvent le résultat de l’épreuve du chrétien est le débarras de telle ou telle attache … tout comme ces trois hommes ont été déliés de
leurs liens. Ils sont déliés par le feu et seuls les liens dont le monde avait réussi à les charger, sont brûlés. Nous y voyons un témoignage immédiat de l’intérêt que Dieu prend à ces pauvres serviteurs. Leur délivrance pousse la puissance civile à reconnaître que leur Dieu est un Dieu qui délivre son peuple et qui daigne allier son nom aux leurs. La réponse de Nebucadnetsar dans les v. 28 et 29 le confirme.

 

Le principe du fidèle est donc d’aller jusqu’à livrer son corps afin de ne servir aucun autre Dieu que son Dieu. C’est ce que réalisent Shadrac, Méshac et Abed-Nego. Ils représentent le résidu fidèle.

 

D’autres pensées de ce chapitre :

Cet acte d’idolâtrie, cette statue, évoque ce qui gouverne le cœur des hommes. 1) La statue est en or. Ce métal qui est l’objet d’une universelle vénération. 2) Elle a la forme d’un homme et l’homme tend à s’adorer lui-même, à se mettre à la place de Dieu. 3) Elle ressemble à l’image de la bête des temps apocalyptiques, selon Apoc. 13, 15.

« Sur » : Dan. 12, 13-23 et ch. 3, 12-30)

Nous y voyons les temps du résidu mis en lumière et ici la séparation, la dépendance, et la souffrance. Remarquons qu’il y a une grande analogie entre le temps de Daniel et le nôtre. La ruine et la confusion régnant autour de nous, provient de ce que l’homme, livré à sa propre responsabilité, a comme anéanti le témoignage donné de Dieu en sa faveur sur la terre où son Fils a été rejeté. Dans de tels temps, il convient de se séparer complètement des choses d’ici-bas.

 

Encore

Puissions-nous retirer des instructions salutaires. Soit quant au caractère moral du monde que nous traversons, soit quant au chemin que nous avons à suivre et au témoignage que nous sommes appelés à rendre au milieu de cette génération corrompue. Par exemple, dans les premiers versets, il est évident que la musique agit sur les sens et endort la conscience. Les instruments de musique ont été inventés par les descendants de Caïn.

 

Nebucadnetsar représente la puissance mondaine qui ne s’appuie pas sur Dieu. De par sa position, il s’est estimé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu. En principe, les Juifs qui acceptaient les jugements de Dieu devaient se soumettre à Nebucadnetsar. Mais il y avait aussi le principe de garder une bonne conscience devant Dieu. Si l’autorité royale demandait une chose contraire à Dieu, le peuple de Dieu ne lui devait pas obéissance. Ceci est pénible, car l’obéissance amène la souffrance, l’épreuve. Et si la puissance du monde est visible, seule  la foi peut se reposer sur Dieu. La providence de Dieu consume nos liens.

 

En Israël Dieu manifestait sa puissance par des délivrances visibles, matérielles, comme ce fut le cas sous le Pharaon. Mais avec nous il en use tout autrement. Etant délivrés au point de vue spirituel, nous attendons des cieux son Fils qui doit venir. En lisant la Parole, nous pouvons nous rendre compte que ceux qui sont fidèles à Dieu, passent toujours par l’épreuve. L’obéissance à Dieu et la confiance en Lui ont aussi toujours caractérisés ceux qui sont moralement et spirituellement près de Lui-même s’ils sont dispersés. Il est remarquable de considérer d’un côté le pouvoir absolu du roi et d’un autre côté la patience absolue aussi de ceux qui souffraient pour leur foi. S’ils s’étaient opposés au roi, c’en était fait d’eux, car Dieu avait donné le pouvoir à Nebucadnetsar. Mais ils se soumirent à sa sentence tout en obéissant à Dieu.

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Chapitre 4

* 1 Nebucadnetsar, le roi, à tous les peuples, peuplades et langues, qui habitent sur toute la terre: Que votre paix soit multipliée! 2 Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu Très-haut a opérés à mon égard. 3 Ses signes, combien ils sont grands! Et ses prodiges, combien ils sont puissants! Son royaume est un royaume éternel, et sa domination est de génération en génération. 4 Moi, Nebucadnetsar, j’étais en paix dans ma maison, et florissant dans mon palais. Je vis un songe, et il m’effraya, et les pensées que j’avais sur mon lit, et les visions de ma tête, me troublèrent. 6 Et de par moi fut donné un ordre qu’on amenât devant moi tous les sages de Babylone pour qu’ils me fissent connaître l’interprétation du songe. 7 Alors vinrent les devins, les enchanteurs, les Chaldéens, et les augures; et je dis le songe devant eux, mais ils ne m’en firent pas connaître l’interprétation; mais, à la fin, entra devant moi Daniel, dont le nom est Belteshatsar, selon le nom de mon dieu, et en qui est l’esprit des dieux saints; et je dis le songe devant lui.

9 Belteshatsar, chef des devins, puisque je sais que l’esprit des dieux saints est en toi, et qu’aucun secret ne t’embarrasse, dis-moi les visions du songe que j’ai vu, et son interprétation. 10 Or les visions de ma tête, sur mon lit, [étaient celles-ci]: je voyais, et voici, un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était grande. 11 L’arbre crût et devint fort, et sa hauteur atteignit jusqu’aux cieux, et on le voyait jusqu’au bout de toute la terre. 12 Son feuillage était beau et son fruit abondant, et en lui il y avait de la nourriture pour tous; sous son ombre se tenaient les bêtes des champs, et dans ses branches habitaient les oiseaux des cieux; et de lui toute chair se nourrissait. 13 Je voyais, dans les visions de ma tête, sur mon lit, et voici un veillant, un saint, descendit des cieux. 14 Il cria avec force, et dit ainsi: Abattez l’arbre et coupez ses branches, faites tomber son feuillage et dispersez son fruit; que les bêtes s’enfuient de dessous lui, et les oiseaux, de ses branches. 15 Toutefois, laissez dans la terre le tronc de ses racines, avec un lien de fer et d’airain [autour de lui], dans l’herbe des champs; et qu’il soit baigné de la rosée des cieux, et qu’il ait, avec les bêtes, sa part à l’herbe de la terre; 16 que son cœur d’homme soit changé, et qu’un cœur de bête lui soit donné; et que sept temps passent sur lui. 17 Cette sentence est par le décret des veillants, et la chose, par la parole des saints, afin que les vivants sachent que le Très-haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à qui il veut, et y élève le plus vil des hommes. 18 Ce songe, moi, le roi Nebucadnetsar, je l’ai vu; et toi, Belteshatsar, dis-en l’interprétation, puisque tous les sages de mon royaume n’ont pas pu me faire connaître l’interprétation; mais toi, tu le peux, car l’esprit des dieux saints est en toi.

19 Alors Daniel, dont le nom est Belteshatsar, fut stupéfié pour une heure environ, et ses pensées le troublèrent. Le roi prit la parole et dit: Belteshatsar, que le songe et son interprétation ne te troublent pas. Belteshatsar répondit et dit: Mon seigneur! que le songe soit pour ceux qui te haïssent, et son interprétation pour tes ennemis. 20 L’arbre que tu as vu, qui croissait et devenait fort, et dont la hauteur atteignait jusqu’aux cieux, et qu’on voyait de toute la terre, 21 et dont le feuillage était beau et le fruit abondant, et qui avait de la nourriture pour tous, sous lequel habitaient les bêtes des champs, et dans les branches duquel
demeuraient les oiseaux des cieux: 22 c’est toi, ô roi, qui t’es agrandi et es devenu puissant; et ta grandeur s’est accrue et atteint jusqu’aux cieux, et ta domination, jusqu’au bout de la terre. 23 Et quant à ce que le roi a vu un veillant, un saint, descendre des cieux et dire: Abattez l’arbre et détruisez-le; toutefois laissez dans la terre le tronc de ses racines, avec un lien de fer et d’airain [autour de lui], dans l’herbe des champs, et qu’il soit baigné de la rosée des cieux, et qu’il ait sa part avec les bêtes des champs jusqu’à ce que sept temps passent sur lui, — 24 c’est ici l’interprétation, ô roi, et la décision du Très-haut, ce qui va arriver au roi, mon seigneur: 25 On te chassera du milieu des hommes, et ta demeure sera avec les bêtes des champs, et on te fera manger l’herbe comme les bœufs, et tu seras baigné de la rosée des cieux, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu connaisses que le Très-haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à qui il veut. 26 Et quant à ce qu’on a dit de laisser le tronc des racines de l’arbre, ton royaume te demeurera, quand tu auras connu que les cieux dominent. 27 C’est pourquoi, ô roi, que mon conseil te soit agréable; et romps avec tes péchés par la justice, et avec ton iniquité, par la compassion envers les affligés, si ce peut être un prolongement de ta paix.

28 Tout cela arriva au roi Nebucadnetsar. 29 Au bout de douze mois, il se promenait sur le palais du royaume de Babylone. 30 Le roi prit la parole et dit: N’est-ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie pour être la maison de mon royaume, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence? 31 La parole était encore dans la bouche du roi, qu’une voix tomba des cieux: Roi Nebucadnetsar, il t’est dit: 32 Le royaume s’en est allé d’avec toi; et on te chassera du milieu des hommes, et ta demeure sera avec les bêtes des champs; on te fera manger de l’herbe comme les bœufs, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu connaisses que le Très-haut domine sur le royaume des hommes et qu’il le donne à qui il veut. 33 Au même instant la parole s’accomplit sur
Nebucadnetsar: il fut chassé du milieu des hommes, et il mangea de l’herbe comme les bœufs, et son corps fut baigné de la rosée des cieux, jusqu’à ce que ses cheveux fussent devenus longs comme [les plumes] de l’aigle, et ses ongles, comme ceux des oiseaux.

34 Et à la fin de ces jours, moi, Nebucadnetsar, j’élevai mes yeux vers les cieux, et mon intelligence* me revint, et je bénis le Très-haut, et je louai et  magnifiai celui qui vit éternellement, duquel la domination est une domination éternelle, et dont le royaume est de génération en génération; 35 et tous les habitants de la terre sont réputés comme néant, et il agit selon son bon plaisir dans l’armée des cieux et parmi les habitants de la terre; et il n’y a personne qui puisse arrêter sa main et lui dire: Que fais-tu? 36 Dans ce temps-là, mon intelligenceme revint, et, pour la gloire de mon royaume, ma magnificence et ma splendeur me revinrent, et mes conseillers et mes grands me cherchèrent, et je fus rétabli dans mon royaume, et ma grandeur fut extraordinairement augmentée. 37 Maintenant, moi, Nebucadnetsar, je loue et j’exalte et je magnifie le roi des cieux, dont toutes les œuvres sont vérité, et les voies, jugement*, et qui est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil.

— v. 34, 36: litt.: connaissance. — v. 37: juste jugement.  




Commentaires du chapitre 4

Chapitres 2 à 6

Le caractère des empires universels

Chapitre 4 :
L’orgueil, la chute et la restauration de Nebucadnetsar

Au début de ce chapitre il y a un beau témoignage de Nebucadnetsar. Dans notre mesure, ne craignons pas de dire bien haut ce que le Seigneur a fait pour nous.

 

Il y a, dans ce chapite, un nouveau songe de Nebucadnetsar. C’est cet arbre élevé qui domine toute la terre (v. 10) : «Or les visions de ma tête, sur mon lit, étaient celles-ci: je voyais, et voici, un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était grande, etc.». Un grand arbre est toujours le symbole d’un personnage très puissant sur la terre. Nous y reconnaissons Nebucadnetsar (v. 22) dont Dieu lui avait confié la puissance et l’avait béni, temporellement, extrêmement. La conséquence est que le roi est emparé par l’orgueil et cela malgré les avertissements qui faisaient suite à l’interprétation de son songe précédent avec la prédiction express de ce qui allait lui arriver. Le cœur s’aveugle par les choses que les yeux voient.

 

Cette vision présente un autre caractère de la statue, le caractère de la puissance des Gentils.

 

Au ch. 3 il y avait le caractère de l’unité d’une religion extérieure. Ici l’homme s’élève dans son cœur. En effet, du moment où Dieu, dans sa providence, élève l’homme, l’homme s’élève dans son cœur. Alors tout est perdu. C’est la portée de ce second caractère des bêtes par rapport aux voies de Dieu.

 

Le v. 30 indique combien l’homme s’élève, combien il est coupable devant Dieu. Que ce soit dans une position d’obéissance lorsque les Juifs n’étaient pas «Lo-Ammi», ou dans une position de se voir confier le pouvoir, comme Nebucadnetsar, la conséquence est toujours la même, elle est coupable. Incontinent l’homme est changé en bête et perd complètement la raison. Une bête peut être puissante, énorme, plus forte qu’aucun homme, faire preuve de beaucoup de sagacité dans sa conduite, mais elle regarde en bas. Il n’y a pas pour elle de conscience dans sa conduite, il n’y a point de relation connue entre elle et Dieu. Nebucadnetsar est donc là avec les bêtes, ayant perdu la raison. Ce qui élève véritablement l’homme, c’est d’être soumis, de rechercher la volonté de Dieu. Mais du moment qu’il dit : «J’ai bâti», alors il prend le caractère d’une bête. Ce qui était véritablement élevé en lui est perdu.

 

Versets 36 et 37 : l’effet de tout cela consiste en ce que Dieu est glorifié. Il en est toujours ainsi. Tel est l’effet des jugements de Dieu sur la puissance des Gentils. Si nous ne voyons pas de relations de Dieu avec le résidu, comme au ch. 3, en Shadrac, Méshac et Abed-Nego, nous voyons par contre que l’orgueil de la puissance terrestre est abaissé. L’Eternel a le dessus sur celui qui croit être le plus fort (cf Ex. 18, 11). C’est le grand principe de notre chapitre. Ce chapitre qui montre donc le principe de la mauvaise conduite de la puissance des nations. Cette puissance s’élève contre Dieu, descend au niveau de la bête dans son intelligence, elle est jugée. Un temps passe sur elle. Enfin elle reconnaît Dieu, c’est-à-dire que la puissance souveraine des Gentils est livrée à un état de folie et est privée de toute vraie intelligence pendant la période complète de son existence impériale. Après cela elle reconnaît Dieu.

 

Autres pensées sur ce chapitre : si le ch. 3 nous donnait le premier caractère des Gentils, c’est-à-dire l’unité d’une religion extérieure, le quatrième en donne le deuxième caractère des Gentils, c’est-à-dire l’élévation du cœur de l’homme.

 

Au v. 4, le roi se croyait en paix, mais la vie d’un homme n’est pas dans ses biens. Pour l’arracher à cette fausse sécurité, Dieu lui envoie un songe au v. 5. Bien que l’inquiétude est souvent un signe du travail de Dieu dans une conscience, le roi se confie d’abord aux devins (voir 2 Tim. 3, 9) avant de faire intervenir Daniel, en qui il discerne l’esprit des dieux saints, selon v. 8 et 18. Seul l’esprit de Dieu peut expliquer la Parole de Dieu. Ce grand arbre, figure du roi, représente aussi le monde en général. Comme Daniel, n’ayons pas peur de dire la vérité au monde. Ainsi la patience de Dieu a accordé douze mois au roi pour rompre avec ses péchés. Mais l’orgueil n’a fait que croître. Au v. 30 on peut dire que le roi lui-même donne le signe de son désastre. Il n’a pas fini de parler que la sentence divine tombe du ciel. A la lecture du v. 37, nous voyons tout le changement opéré dans le cœur de cet homme. Il reconnaît le bien-fondé de la solennelle  leçon qu’il a apprise. Dieu arrive à bout avec l’homme le plus orgueilleux mentionné dans la Parole.

 

Ces sept temps ont aussi comme portée prophétique la repentance des nations. Dans le v. 27: «C’est pourquoi, ô roi, que mon conseil te soit agréable; et romps avec tes péchés par la justice, et avec ton iniquité, par la compassion envers les affligés, si ce peut être un prolongement de ta paix». Nous y avons un des plus beaux traits de la vie de Daniel, celui de pouvoir s’exprimer d’une telle façon au monarque.

 

Comme conclusion, lisons le Ps. 2, 10 : «Et maintenant, ô rois, soyez intelligents».
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Chapitre 5

* 1 Le roi Belshatsar fit un grand festin à mille de ses grands, et but du vin devant les mille.* 2 Belshatsar, comme il buvait* le vin, commanda d’apporter les vases d’or et d’argent que son père Nebucadnetsar avait tirés du temple qui était à Jérusalem, afin que le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, y bussent. 3 Alors on apporta les vases d’or qu’on avait tirés du temple de la maison de Dieu, qui était à Jérusalem; et le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines, y burent. 4 Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d’or et d’argent, d’airain, de fer, de bois, et de pierre. 5 En ce même moment, les doigts d’une main d’homme sortirent, et écrivirent, vis-à-vis du chandelier, sur le plâtre de la muraille du palais du roi; et le roi vit l’extrémité de la main qui écrivait. 6 Alors le roi changea de couleur, et ses pensées le troublèrent; et les liens de ses reins se délièrent, et ses genoux se heurtèrent l’un contre l’autre.

7 Le roi cria avec force d’amener les enchanteurs, les Chaldéens et les augures. Le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone: Quiconque lira cette écriture et m’en indiquera l’interprétation sera revêtu de pourpre, et [aura] une chaîne d’or autour de son cou, et sera le troisième gouverneur dans le royaume. 8 Alors arrivèrent tous les sages du roi, mais ils ne purent lire l’écriture ni faire connaître au roi l’interprétation. Alors le roi Belshatsar fut extrêmement troublé, et il changea de couleur; et ses grands furent bouleversés. 10 La reine, à cause des paroles du roi et de ses grands, entra dans la maison du festin. La reine prit la parole et dit: Ô roi, vis à jamais! Que tes pensées ne te troublent pas, et ne change pas de couleur: 11 il y a un homme dans ton royaume, en qui est l’esprit des dieux saints; et, aux jours de ton père, de la lumière, et de l’intelligence, et une sagesse comme la sagesse des dieux, ont été trouvées en lui; et le roi Nebucadnetsar, ton père, — ton père, ô roi, l’a établi chef des devins, des enchanteurs, des Chaldéens, des augures, 12 parce qu’un esprit extraordinaire, et la connaissance et l’intelligence pour interpréter les songes et pour expliquer les énigmes et pour résoudre les problèmes difficiles, ont été trouvés en lui, en Daniel, à qui le roi a donné le nom de Belteshatsar. Que Daniel soit donc appelé, et il indiquera l’interprétation.

13 Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel: Es-tu ce Daniel, l’un des fils de la captivité de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Juda? 14 Et j’ai entendu dire de toi que l’esprit des dieux est en toi, et que de la lumière, et de l’intelligence, et une sagesse extraordinaire se trouvent en toi. 15 Et maintenant, les sages, les enchanteurs, ont été amenés devant moi, afin qu’ils lussent cette écriture et m’en fissent connaître l’interprétation, et ils n’ont pu indiquer l’interprétation de la chose*. 16 Et j’ai entendu dire de toi que tu peux donner des interprétations et résoudre les problèmes difficiles. Maintenant, si tu peux lire l’écriture et m’en faire connaître l’interprétation, tu seras vêtu de pourpre, et tu auras une chaîne d’or autour de ton cou, et tu seras le troisième gouverneur dans le royaume.

17 Alors Daniel répondit et dit devant le roi: Que tes présents te demeurent, et donne tes récompenses à un autre. Toutefois je lirai l’écriture au roi, et je lui en ferai connaître l’interprétation. 18 Ô roi*, le Dieu Très-haut donna à Nebucadnetsar, ton père, le royaume, et la grandeur, et l’honneur, et la majesté; 19 et, à cause de la grandeur qu’il lui donna, tous les peuples, les peuplades et les langues, tremblaient devant lui, et le craignaient; il tuait qui il voulait, et il conservait en vie qui il voulait; il exaltait qui il voulait, et il abaissait qui il voulait. 20 Mais quand son cœur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’orgueil, il fut précipité du trône de son royaume, et sa dignité lui fut ôtée; 21 et il fut chassé du milieu des fils des hommes, et son cœur fut rendu semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages; on le nourrit d’herbe comme les bœufs, et son corps fut baigné de la rosée des cieux, jusqu’à ce qu’il connut que le Dieu Très-haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il y établit qui il veut. 22 Et toi, son fils Belshatsar, tu n’as pas humilié ton cœur, bien que tu aies su tout cela. 23 Mais tu t’es élevé contre le Seigneur des cieux; et on a apporté devant toi les vases de sa maison, et toi et tes grands, tes femmes et tes concubines, vous y avez bu du vin; et tu as loué les dieux d’argent et d’or, d’airain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient, et n’entendent, et ne comprennent point; et le Dieu en la main duquel est ton souffle, et à qui appartiennent toutes tes voies, tu ne l’as pas glorifié. 24 Alors a été envoyée de sa part l’extrémité de la main, et cette écriture a été tracée. 25 Et voici l’écriture qui a été tracée: MENÉ, MENÉ, THEKEL, UPHARSIN*26 Voici l’interprétation des paroles. MENÉ: Dieu a compté ton royaume, et y a mis fin. 27 THEKEL: Tu as été pesé à la balance, et tu as été trouvé manquant de poids. 28 PÉRÈS: Ton royaume est divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.

29 Alors Belshatsar donna des ordres*, et on vêtit Daniel de pourpre, et [on mit] une chaîne d’or à son cou, et on proclama qu’il serait le troisième gouverneur dans le royaume. 30 En cette nuit-là, Belshatsar, roi des Chaldéens, fut tué. 31 Et Darius, le Mède, reçut le royaume, étant âgé d’environ soixante-deux ans.

v. 1: date: A.C. 538, environ. / v. 2: litt.: goûtait. / v. 15: ou: des paroles. / v. 18: litt.: Toi, ô roi. / v. 25: Compté, compté, pesé et divisé. / v. 29: litt.: dit.




Commentaires du chapitre 5

Chapitres 2 à 6

Le caractère des empires universels

Chapitre 5 :
Le blasphème de Belshatsar et son jugement


Dans ce chapitre, 
le royaume est donné aux Mèdes et aux Perses. Nous y trouvons un troisième caractère des Gentils, le caractère de l’impiété totale. Les deux précédents caractères étaient celui de l’unité d’une religion extérieure (ch. 3) et celui de l’homme qui s’élève dans son cœur (ch. 4).

 

Le roi Belshatsar fait un festin et commande qu’on lui apporte les vases d’or et d’argent que Nebucadnetsar son père, a tiré du temple qui était à Jérusalem, selon v. 2 et 3. Ici ce troisième caractère de l’iniquité des Gentils, développé avec plus de détails, c’est l’impiété totale, cause immédiate de la destruction de la puissance de Babylone. L’impiété, qui, dès le début forme le caractère de la bête, est vue ici sous cette autre et troisième forme. L’impiété est toujours en rapport avec les Juifs, même lorsqu’ils sont entre les mains des Gentils, parce qu’il s’agit du Dieu de la terre, d’un Dieu exerçant son gouvernement sur la terre et non pas de l’espérance de l’Eglise dans le ciel. En Lam. 2, 7 déjà, tous les signes extérieurs de sa présence et de sa gloire sont entre les mains des Gentils, de son chef.

 

Les v .1 à 4 présentent une (belle) image du monde sans Dieu. Quant au jugement de Babylone, il avait été prédit cent cinquante ans auparavant par Esaïe (cf Es. 44, 28 et 45, 1). Au v. 6, n’avons-nous pas une image de ceux qui pourront dire: «Trop tard» ?. Les caractères de la Babylone de Nebucadnetsar  et de Belshatsar se retrouvent dans l’Apocalypse comme traits moraux de la Babylone spirituelle, dont la formation avance si rapidement (voir Luc 16, 29 et Jean 12, 48).

 

En Belshatsar, nous avons le type de la conduite finale du chef de Babylone: l’impiété ouverte qui comprend l’idolâtrie, l’élévation du cœur de l’homme, mais par-dessus tout un acte immédiat qui déshonore le vrai Dieu, le Dieu qui, par son châtiment, a livré lui-même son peuple entre les mains des méchants. Au moment où le chef de l’empire s’élève contre le Dieu des Juifs, par cette impiété totale, une main d’homme écrit ce qui nous est rapporté dans les v. 5, 25 et suivants.

Versets 7 à 12 : les devins, etc, ne peuvent pas fournir l’interprétation. On fait alors appel à Daniel qui rapporte, dans les v. 17 à 28, ce qui a caractérisé Nebucadnetsar et ce qui caractérise Belshatsar. Le  jugement est sûre. Il tombe sur Belshatsar. Son royaume est détruit.

Si le temps de Nebucadnetsar était marqué par la persécution des fidèles (ch. 3), celui de son fils Belshatsar se distingue au contraire par l’indifférence religieuse, l’abondance facile, la recherche des plaisirs. Notre période actuelle ressemble beaucoup à celle de Belshatsar. Si les  croyants ne sont plus persécutés dans nos pays, Dieu est outragé d’une autre manière et nous en avons l’image dans ce festin. Comme Daniel et la reine-mère, tenons-nous à l’écart, loin de la fête joyeuse qui bat son plein et où s’étourdit un monde profane.

 

Dans les v. 13 à 31, pour la troisième fois, Daniel entre en scène afin d’interpréter la pensée de Dieu. Daniel ne prend plus aucun ménagement pour annoncer l’effondrement. Belshatsar n’a pas tenu compte du témoignage de son père (v. 22), et Daniel ne peut que lui traduire la sentence irrévocable. Au sujet de ce «Mené, mené, compté, recompté», c’est comme si le Dieu juste vérifiait avec soin son addition avant la décision finale (comp. avec Gen. 18, 21).

 

L’histoire relate comment Cyrus, le Perse, ayant détourné le cours de l’Euphrate, qui traverse Babylone, s’est servi de son lit asséché, pour s’introduire dans la ville avec ses soldats, à la faveur de la nuit, et de l’orgie du palais. Veillons et soyons sobres pour ne pas être surpris à la venue du Seigneur.

 

Si Nebucadnetsar, orgueilleux, insensé, fut arrêté dans sa coupable voie par le Dieu des cieux, Belshatsar est laissé libre de poursuivre sa voie jusqu’aux limites irrémédiables. Impie et profane, lil est cause de sa propre ruine et de la chute de Babylone.

 

Au sujet de Belshatsar, de fait il était le petit-fils de Nebucadnetsar. Dans les paroles de Daniel, aucune grâce. C’est que la longue patience et les appels de Dieu avaient été foulés aux pieds par Belshatsar et son peuple. L’heure de la rétribution avait sonné.

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Chapitre 6

* 1 Il plut à Darius d’établir sur le royaume cent vingt satrapes, pour qu’ils fussent dans tout le royaume; 2 et au-dessus d’eux, trois présidents, dont Daniel était l’un, pour que ces satrapes leur rendissent compte, et que le roi ne souffrît aucun dommage. 3 Et ce Daniel surpassa les présidents et les satrapes, parce qu’il y avait en lui un esprit extraordinaire; et le roi pensa à l’établir sur tout le royaume. 

4 Alors les présidents et les satrapes cherchèrent à trouver dans [l’administration du] royaume quelque sujet d’accusation contre Daniel; et ils ne pouvaient trouver aucun sujet d’accusation ni aucune faute, parce qu’il était fidèle; et aucun manquement ni aucune faute ne se trouva en lui. 5 Et ces hommes dirent: Nous ne trouverons dans ce Daniel aucun sujet d’accusation, à moins que nous n’en trouvions contre lui à cause de la loi de son Dieu. 6 Alors ces présidents et ces satrapes s’assemblèrent en foule auprès du roi, et lui parlèrent ainsi: Roi Darius, vis à jamais! Tous les présidents du royaume, les préfets et les satrapes, les conseillers et les gouverneurs, ont tenu conseil ensemble pour établir un statut royal et mettre en vigueur une défense, [portant] que quiconque fera une demande à quelque dieu ou à quelque homme que ce soit, durant trente jours, excepté à toi, ô roi, sera jeté dans la fosse aux lions. 8 Maintenant, ô roi, établis la défense, et signe l’écrit afin qu’il ne soit pas changé, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui ne peut être abrogée. À cause de cela, le roi Darius signa l’écrit et la défense.

10 Or Daniel, quand il sut que l’écrit était signé, entra dans sa maison; et, ses fenêtres étant ouvertes dans sa chambre haute, du côté de Jérusalem, il s’agenouillait sur ses genoux trois fois le jour, et priait, et rendait grâce devant son Dieu, comme il avait fait auparavant. 11 Mais ces hommes s’assemblèrent en foule et trouvèrent Daniel qui priait et présentait sa supplication devant son Dieu. 12 Alors ils s’approchèrent et dirent devant le roi, touchant la défense du roi: N’as-tu pas signé une défense, [portant] que tout homme qui, durant trente jours, ferait une demande à quelque dieu ou à quelque homme que ce fût, excepté à toi, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions? Le roi répondit et dit: La chose est certaine, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui ne peut être abrogée. 13 Alors ils répondirent et dirent devant le roi: Daniel, qui est d’entre les fils de la captivité de Juda, ne tient pas compte de toi, ô roi, ni de la défense que tu as signée, mais il fait sa requête trois fois par jour. 14 Alors le roi, quand il entendit ces paroles, en fut fort affligé, et il pensa avec sollicitude à
Daniel afin de le sauver, et jusqu’au coucher du soleil il s’efforça de le délivrer. 15 Alors ces hommes s’assemblèrent en foule auprès du roi, et dirent au roi: Sache, ô roi, que c’est la loi des Mèdes et des Perses, qu’aucune défense ou statut que le roi a établi, ne peut être changé. 16 Alors le roi donna des ordres, et on amena Daniel, et on le jeta dans la fosse aux lions. 

Le roi prit la parole et dit à Daniel: Ton Dieu que tu sers continuellement, lui, te sauvera. 17 Et une pierre fut apportée et mise sur l’ouverture de la fosse, et le roi la scella de son cachet et du cachet de ses grands, afin que l’intention à l’égard de Daniel ne fût pas changée. 18 Alors le roi s’en alla dans son palais, et il passa la nuit en jeûnant, et ne voulut pas qu’on lui amenât des concubines*; et son sommeil s’enfuit loin de lui.

19 Ensuite le roi se leva avec l’aurore, au point du jour, et s’en alla en hâte à la fosse aux lions. 20 Et comme il approchait de la fosse, il cria à Daniel d’une voix triste. Le roi prit la parole et dit à Daniel: Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, que tu sers continuellement, a-t-il pu te délivrer des lions? 21 Alors Daniel parla au roi: Ô roi, vis à jamais! 22 Mon Dieu a envoyé son ange et a fermé la gueule des lions, et ils ne m’ont fait aucun mal, parce que devant lui l’innocence s’est trouvée en moi, et devant toi non plus, ô roi, je n’ai rien fait de mal. 23 Alors le roi fut très-joyeux et dit qu’on tirât Daniel de la fosse. Et Daniel fut tiré de la fosse, et aucun mal ne fut trouvé sur lui, parce qu’il s’était confié en son Dieu. 24 Et le roi donna des ordres, et on amena ces hommes qui avaient accusé Daniel, et on les jeta dans la fosse aux lions, eux, leurs enfantset leurs femmes; et ils n’étaient pas parvenus au fond de la fosse, que déjà les lions se rendirent maîtres d’eux et leur brisèrent tous les os.

25 Alors le roi Darius écrivit: À tous les peuples, peuplades et langues, qui habitent sur toute la terre! Que votre paix soit multipliée! 26 De par moi l’ordre est donné que, dans tous les gouvernements de mon royaume, on tremble devant le Dieu de Daniel et on le craigne; car il est le Dieu vivant, et il subsiste à jamais, et son royaume est [un royaume] qui ne sera pas détruit, et sa domination [durera] jusqu’à la fin. 27 Il sauve et il délivre, et il opère des signes et des prodiges dans les cieux et sur la terre: c’est lui qui a sauvé Daniel de la puissance des lions.

28 Et ce Daniel prospéra pendant le règne de Darius et pendant le règne de Cyrus, le Perse.

 v. 18: quelques-uns: de la nourriture; d’autres: des instruments de musique. / — v. 24: litt.: fils.




Commentaires du chapitre 6

Chapitres 2 à 6

Le caractère des empires universels

Chapitre 6 :
Daniel dans la fosse aux lions


Un quatrième principe du mal 
est mis en évidence dans ce chapitre. Il existait parmi les nations au milieu de cette puissance des Gentils. Il existe encore. Ce principe met le comble à toute cette iniquité. Ce n’est pas seulement l’impiété qui déshonore Dieu, c’est l’homme qui s’élève et qui se met à la place de Dieu lui-même.

 

Les v. 6 et 7 montrent que ce qui est proposé, c’est que personne ne soit reconnu comme dieu, ou homme, et qu’on ne fasse aucune requête à personne si ce n’est à Darius. Le dernier terme de l’iniquité est arrivé, c’est-à-dire l’élévation de l’homme contre Dieu, sa tentative de se mettre à la place de Dieu sur la terre.

 

Tout cela soit fort triste. La puissance des Gentils, par l’intervention de Dieu, est admise à le reconnaître (cf v. 14). Ceci se vérifie chaque fois que des fidèles sont mis à l’épreuve. Les v. 25 à 28 le confirment bien.

 

Au v. 27 : le Dieu de Daniel, c’est le Dieu du résidu fidèle des Juifs. C’est toujours la délivrance des Juifs, du résidu juif qui est la manifestation publique de la pensée de Dieu sur la terre. Voilà donc le vrai Dieu reconnu par la délivrance de son peuple, des Juifs. et en même temps par les jugements qu’il exécute au temps voulu sur ceux qui s’élèvent contre lui. Dans les caractères de ces hommes, il est beau de voir le peuple de Dieu complètement soumis à la puissance temporelle de ces rois car leur puissance vient de Dieu. C’est le principe tout simple du chrétien. Il se soumet. Bien que tenant cette puissance de Dieu, les Gentils s’en servent pour Satan, étant conduits par ce dernier. Si Dieu a prononcé le «Lo-Ammi», Daniel parle toujours de ce peuple comme le peuple de Dieu, parce que la foi reconnaît tous les droits de Dieu. Quand un juif avait la foi dans le cœur, malgré ces circonstances, Dieu le reconnaît et cela est extrêmement précieux. Ainsi malgré tout ce que Satan a fait dans l’Eglise de Dieu, il est impossible que Dieu ne reconnaisse pas la foi existante, car sinon il perdrait ses droits.

Bien qu’ayant une autre espérance, nous, chrétiens, sommes dans le temps des Gentils. Plus nous approchons de la fin, plus Israël gagne en importance. Pour comprendre les choses de Dieu, il est important de bien pénétrer des caractères du temps des nations. Tout ce qui prédit l’établissement du royaume de Dieu sur les ruines causées par la folie de l’impiété de l’homme, car ce flot croissant amènera très bientôt la malédiction de Dieu sur lui.

 

Dans ce chapitre, Daniel a environ nonante ans. Dominant les événements et les personnes, il sert toujours avec la même conscience, que ce soit lors du règne de Nebucadnetsar le vaniteux, Belshatsar le mondain, ou Darius le faible.

 

Avec ce chapitre se termine la partie historique du livre qui en fait contient beaucoup plus que cela. Dans le récit de ce ch. 6, le fait historique est dépassé: Darius n’a-t-il pas quelque apparence avec l’Antichrist, … l’exaltation de l’homme voulant se faire égal à Dieu est toujours un signe de proche jugement.

 

Ici Daniel est un type du résidu juif traversant la période terrible du règne de la bête.

 

Au sujet de la soumission, remarquons que Daniel ne respecte pas l’édit, car l’accusation tombait juste dans ce sens que l’obéissance à Dieu demandait ici l’oubli de tout le reste. Daniel était d’abord serviteur du Dieu vivant comme le confesse aussi Darius.

 

La partie de la statue de Dan. 2, 32 et 39 est inférieure à la précédente, non en étendue, mais par son éloignement de la source, éloignement caractérisé, ici, par la limitation due à la loi des Mèdes et des Perses.

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Chapitre 7

*1 La première année de Belshatsar, roi de Babylone, Daniel vit un songe, et des visions de sa tête, sur son lit. Alors il écrivit le songe, [et] raconta la somme des choses.

2 Daniel prit la parole et dit: Je voyais dans ma vision de nuit, et voici, les quatre vents des cieux se déchaînèrent sur la grande mer. 3 Et quatre grandes bêtes montèrent de la mer, différentes l’une de l’autre. 4 La première était comme un lion, et elle avait des ailes d’aigle. Je vis jusqu’à ce que ses ailes furent arrachées, et qu’elle fut soulevée de terre, et mise debout sur ses pieds, comme un homme; et un cœur d’homme lui fut donné. 5 Et voici une autre, une seconde bête, semblable à un ours, et elle se dressait sur un côté. Et [elle avait] trois côtes dans sa gueule, entre ses dents; et on lui dit ainsi: Lève-toi, mange beaucoup de chair. 6 Après cela, je vis, et en voici une autre, — comme un léopard; et elle avait quatre ailes d’oiseau sur son dos; et la bête avait quatre têtes; et la domination lui fut donnée.

7 Après cela je vis dans les visions de la nuit, et voici une quatrième bête, effrayante et terrible et extraordinairement puissante, et elle avait de grandes dents de fer: elle dévorait et écrasait; et ce qui restait, elle le foulait avec ses pieds. Et elle était différente de toutes les bêtes qui étaient avant elle; et elle avait dix cornes. 8 Je considérais les cornes, et voici une autre corne, petite, monta au milieu d’elles, et trois des premières cornes furent arrachées devant elle. Et voici, [il y avait] à cette corne des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche proférant de grandes choses. 9 Je vis jusqu’à ce que les trônes furent placés, et que l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine pure; son trône était des flammes de feu; les roues du trône*, un feu brûlant. 10 Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le jugement s’assit, et les livres furent ouverts. 11 Je vis alors, à cause de la voix des grandes paroles que la corne proférait, — je vis jusqu’à ce que la bête fut tuée; et son corps fut détruit et elle fut livrée pour être brûlée au feu. 12 Quant aux autres bêtes, la domination leur fut ôtée; mais une prolongation de vie leur fut donnée, jusqu’à une saison et un temps.

13 Je voyais dans les visions de la nuit, et voici, [quelqu’un] comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. 14 Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, [un royaume] qui ne sera pas détruit.

15 Moi, Daniel, je fus troublé dans mon esprit au dedans de mon corps*, et les visions de ma tête m’effrayèrent. 16 Je m’approchai de l’un de ceux qui se tenaient là, et je lui demandai la vérité touchant tout cela. Et il me [la] dit, et me fit savoir l’interprétation des choses: 17 Ces grandes bêtes, qui sont quatre, sont quatre rois qui surgiront de la terre; 18 et les saints des [lieux] très-hauts recevront le royaume, et posséderont le royaume à jamais, et aux siècles des siècles.

19 Alors je désirai de savoir la vérité touchant la quatrième bête, qui était différente d’elles toutes, extraordinairement terrible: ses dents étaient de fer, et ses ongles, d’airain; elle dévorait, écrasait, et foulait avec ses pieds ce qui restait; … 20 et touchant les dix cornes qui étaient sur sa tête, et touchant l’autre qui montait, et devant laquelle trois étaient tombées, cette corne qui avait des yeux, et une bouche proférant de grandes choses, et dont l’aspect était plus grand que celui des autres*21 Je regardais*; et cette corne fit la guerre contre les saints, et prévalut contre eux, 22 jusqu’à ce que l’Ancien des jours vint, et que le jugement fut donné aux saints des [lieux] très-hauts, et que le temps arriva où les saints possédèrent le royaume.

23 Il dit ainsi: La quatrième bête sera un quatrième royaume sur la terre, qui sera différent de tous les royaumes, et dévorera toute la terre, et la foulera aux pieds et l’écrasera. 24 Et les dix cornes,… ce sont dix rois qui surgiront du royaume. Et un autre surgira après eux; et il sera différent des premiers; et il abattra trois rois. 25 Et il proférera des paroles contre le Très-haut, et il consumerales saints des [lieux] très-hauts, et il pensera changer [les] saisons et [la] loi, et elles seront livrées en sa main jusqu’à un temps et [des] temps et une moitié de temps. 26 Et le jugement s’assiéra; et on lui ôtera la domination, pour la détruire et la faire périr jusqu’à la fin. 27 Et le royaume, et la domination, et la grandeur des royaumes sous tous les cieux, seront donnés au peuple des saints des [lieux] très-hauts. Sonroyaume est un royaume éternel, et toutes les dominations le serviront et lui obéiront.

28 Jusqu’ici, la fin de la chose*. Quant à moi, Daniel, mes pensées me troublèrent beaucoup, et ma couleur fut changée en moi. Mais je gardai la chose dans mon cœur.

v. 9: litt.: ses roues.  — 15: litt.: au dedans de son fourreau.  — v. 20: litt.: ses compagnes. — v. 21: ou: voyais. – v. 25: litt.: usera. — v. 27: voir  verset 14. –  v. 28: ou: du discours.


 




Commentaires du chapitre 7


Les chapitres 7 à 11 

Histoire prophétique des quatre empires universels


Chapitre 7 :  la vision divine de Daniel


v. 01              la vision générale des quatre bêtes

v. 02 à 06      les trois premières bêtes

v. 07 à 12      la quatrième bête (Rome) et l’Ancien des jours

v. 13 + 14      le royaume du Fils de l’homme (Christ)

v. 15 à 28      l’interprétation des visions

 

Avec ce chapitre, la deuxième partie du livre commence. Les communications sont faites directement à Daniel. Toute la prophétie, dans Daniel, se rapporte au peuple juif. Et à propos du « temps des Gentils », il y a donc deux grandes parties : 1) la responsabilité des Gentils et 2) les circonstances des Juifs pendant ce « temps des nations ».

Jusqu’au ch. 6, les caractères généraux des voies des gentils (ou « des nations ») furent présentés. Dès le ch. 7, il y a des détails beaucoup plus suivis du caractère de l’histoire des bêtes, particulièrement dans leurs relations avec le peuple juif et avec le résidu qui s’attendait à Dieu. Daniel, dans sa partie prophétique, ne s’adresse pas du tout aux Juifs. L’Apocalypse a le même caractère en relation avec la chrétienté; Jean ne s’adresse pas aux chrétiens. Ces choses sont écrites pour un temps donné, c’est-à-dire lorsque les Juifs redeviendront le peuple de Dieu.

Versets 3 et suivants : la description des trois premières bêtes. La domination leur est, il est vrai, ôtée au fur et à mesure, mais leur vie est prolongée. Elles ne sont pas détruites. Dès le v. 7 la deuxième vision est l’histoire détaillée de la quatrième bête dont il avait été fait mention.

La troisième vision (v. 13 et 14), est l’opposé de tout ce qui précède. Il s’agit de la domination donnée au Fils de l’homme. La formule : « Je voyais dans les visions de la nuit », selon les v. 2, 7 et 13, souligne les trois parties distinctes de la vision du prophète.

Ensuite vient l’explication de ces choses.

Dans les v. 2 et 3, dans le langage prophétique, la grande mer signifie toujours les masses des peuples. Au sujet de la bête romaine, les yeux (v. 8) signifient qu’il y a de l’intelligence qui considère les choses mais qu’il y a aussi de l’intention. La bête a été l’instrument employé mais, moralement, la petite corne est tout. Une séance de jugement (v. 9 à 11) est aussi là. Christ était en lui-même l’Ancien des jours tout en étant présenté comme Fils de l’homme. Et comme Messie, Christ est ici proprement l’Ancien des jours. C’est sous ce caractère qu’il est connu des Juifs. Au sujet du v. 12, il faut comprendre que Babylone subsistera pendant un certain temps après que l’empire leur fut ôté. Il en est de même des Mèdes, etc. Mais Rome doit être détruite totalement. La troisième vision se trouve dans les v. 13 et 14.

Il y a, v. 15 à 18, une vérité pour laquelle Daniel désire une interprétation. Elle lui est donnée : l’interprétation s’occupe de ce qui regarde le peuple de Dieu et les saints dans les lieux très-hauts. La thèse générale, dans ce chapitre 7, est qu’il y a quatre bêtes qui s’élèveront sur la terre et qui seront finalement jugées par Dieu. L’autre vérité, ajoutée dans l’explication, est que les saints recevront le royaume et que les bêtes seront mises de côté.

Versets 19 et suivants : le désir de Daniel (v. 19) est en relation avec la fin de la quatrième bête. En plus, dès le v. 20, quels seront les principes de conduite pendant ce temps.  Il ressort de ces versets que c’est bien la petite corne qui décide de la conduite de la bête. Elle en est la source. Cette petite corne est aussi la cause de la destruction de la bête. Dans ce passage (jusqu’au v. 24) relevons que cette corne ne sera pas un royaume ordinaire, mais une puissance spéciale qui s’élèvera au milieu des autres : la bête sous l’influence de la petite corne apporte le caractère final de mettre de côté les ordonnances judaïques. Mais (v. 23 à 26) le jugement aura lieu et la domination sera enlevée à cette petite corne. Sachons encore que cette quatrième bête est aussi présentée dans les chapitres 13 et 17 de l’Apocalypse. Là, elle est assise sur le trône de Satan en rapport avec
Babylone. Dans Daniel ch. 7, elle est donc vue comme faisant la guerre contre Dieu. Elle est aussi vue dans ses rapports avec les saints dans les lieux très-hauts et avec le peuple juif.

Dans ce chapitre Daniel présente l’ordre chronologique. Belshatsar était alors roi de Babylone lorsqu’une vision qui lui vint. Dans la prophétie, il y a des récits qui peuvent être historiques et prophétiques tout à la fois. Par exemple, Ésaïe 10, 12 suffi à prouver que l’Assyrie reviendra en scène lorsque Dieu reprendra ses relations avec Israël.

Au chapitre 2, l’ensemble des quatre empires furent présentés à Nebucadnetsar sous la forme d’une statue. Ici, Daniel les voit en détails ; l’un succède à l’autre. En comparant Dan. 7, 8 avec Apoc. 17, 12 à 14, il en ressort que les trois cornes ne sont pas positivement détruites ; mais leur puissance est brisée. Lorsque Jean a écrit l’Apocalypse, il parle de « la bête ». Il faut comprendre que les trois autres bêtes ont déjà été sur la scène. Cette bête d’Apocalypse est autrement dite la petite corne de Daniel ch. 7.

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Chapitre 8

1 La troisième année du règne de Belshatsar le roi, une vision m’apparut, à moi, Daniel, après celle qui m’était apparue au commencement. 2 Et je vis dans
la vision; et il arriva, quand je vis, que j’étais à Suse, le palais*, qui est dans la province d’Élam. Et je vis dans la vision, et j’étais près du fleuve Ulaï. 
3 Et je levai les yeux, et je vis; et voici, un bélier se tenait devant le fleuve, et il avait deux cornes; et les deux cornes étaient hautes, et l’une était plus haute que l’autre, et la plus haute s’éleva la dernière. 4 Je vis le bélier heurtant vers l’occident, et vers le nord, et vers le midi; et aucune bête ne pouvait tenir devant lui, et il n’y avait personne qui pût délivrer de sa main; et il fit selon son gré, et devint grand. 5 Et je considérais, et voici, un bouc* venant du couchant sur la face de toute la terre, et qui ne touchait pas la terre; et le bouc avait une corne de grande apparence entre ses yeux. 6 Et il vint jusqu’au bélier qui avait les deux cornes, que j’avais vu se tenir devant le fleuve, et courut sur lui dans la fureur de sa force. 7 Et je le vis arriver tout près du bélier, et il s’exaspéra contre lui et frappa le bélier, et brisa ses deux cornes, et le bélier fut sans force pour tenir devant lui: il le jeta par terre et le foula aux pieds, et il n’y eut personne qui pût délivrer le bélier de sa main.

8 Et le bouc devint très-grand; et lorsqu’il fut devenu fort, la grande corne fut brisée, et quatre cornes de grande apparence s’élevèrent à sa place, vers les quatre vents des cieux. 9 Et de l’une d’elles sortit une petite corne, et elle grandit extrêmement vers le midi, et vers le levant, et vers le [pays] de beauté*10 Et elle grandit jusqu’à l’armée des cieux, et fit tomber à terre une partie de l’armée et des étoiles, et les foula aux pieds. 11 Et elle s’éleva jusqu’au chef de l’armée; et le [sacrifice] continuel fut ôté à celui-ci, et le lieu de son sanctuaire fut renversé. 12 (Et un temps de détresse fut assigné au [sacrifice] continuel, pour cause de transgression). Et elle jeta la vérité par terre, et agit*, et prospéra. 13 Et j’entendis un saint qui parlait; et un autre saint dit au personnage qui parlait: Jusqu’où [va] la vision du [sacrifice] continuel et de la transgression qui désole, pour livrer le lieu saint et l’armée pour être foulés aux pieds? 14 Et il me dit: Jusqu’à deux mille et trois cents soirs [et] matins; alors le lieu saint sera purifié*.

15 Et il arriva que, lorsque moi, Daniel, j’eus vu la vision, j’en cherchai l’intelligence; et voici, comme l’apparence d’un homme se tint vis-à-vis de moi; 16 et j’entendis la voix d’un homme au milieu de l’Ulaï; et il cria et dit: Gabriel, fais comprendre à celui-ci la vision. 17 Et il vint près du lieu où j’étais, et quand il vint, je fus effrayé et je tombai sur ma face; et il me dit: Comprends, fils d’homme, car la vision est pour le temps de la fin.

18 Or, comme il parlait avec moi, j’étais dans une profonde stupeur, ma face contre terre; et il me toucha et me fit tenir debout à la place où j’étais. 19 Et il dit: Voici, je te fais connaître ce qui aura lieu à la fin de l’indignation; car à un temps déterminé sera la fin. 20 Le bélier que tu as vu, qui avait deux cornes, ce sont les rois de Médie et de Perse. 21 Et le bouc velu, c’est le roi de Javan*; et la grande corne qui était entre ses yeux, c’est le premier roi; 22 et qu’elle ait été brisée et que quatre [autres cornes] se soient élevées à sa place, c’est que quatre royaumes s’élèveront de la nation, mais non avec sa puissance. 23 Et au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure, il s’élèvera un roi au visage audacieux, et entendant les énigmes; 24 et sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance; et il détruira merveilleusement, et il prospérera et agira; et il détruira les [hommes] forts et le peuple des saints; 25 et, par son intelligence, il fera prospérer la fraude dans sa main; et il s’élèvera dans son cœur; et, par la prospérité il corrompra beaucoup de gens; et il se lèvera contre le prince des princes, mais il sera brisé sans main. 26 Et la vision du soir et du matin, qui a été dite, est vérité. Et toi, serre la vision, car [elle est] pour beaucoup de jours.

27 Et moi, Daniel, je défaillis, et je fus malade quelques jours; puis je me levai, et je m’occupai des affaires du roi. Et je fus stupéfié de la vision, mais personne ne la comprit*.
— v. 2: ou: la capitale; comparer Néh. 1:1. — v. 5: litt.: un bouc des chèvres. —  v. 9: comparer Ézéch. 20:615. — v. 12: agir, faire de grandes choses, ici et verset 24; 11:7, etc.; comparer 1 Sam. 26:25. — v. 14litt.: justifié. — v. 21: la Grèce. — v. 27: ou: fit comprendre.




Commentaires du chapitre 8

Les chapitres 7 à 11
Histoire prophétique des quatre empires universels

Chapitre 8 : la Perse et la Grèce

v. 01 à 14 la vision apparaissant à Daniel, à Suse

v. 15 à 17 apparition céleste à Daniel

v. 18 à 26 interprétation de la vision par l’ange Gabriel

v. 27         Daniel défaillant, malade et stupéfait


Versets 1 à 14 : dans ce chapitre l’Esprit de Dieu nous occupe de deux empires : ceux de la deuxième et de la troisième bête. Des détails sont donnés dans les premiers versets. Le « corps » de la seconde bête se trouve effectivement dans le pays d’Élam ou de Perse. Il y a eu un ours (ch. 7) ; maintenant, c’est un bélier (cf v. 3 et 20). Le bélier heurte de ses cornes vers l’occident et vers le nord et vers le midi. Aucune bête ne pouvait lui résister et il faisait de grandes choses. Puis (v. 5 à 7) une autre bête : un bouc qui représente, et c’est très clair, l’empire des Grecs qui a commencé par Alexandre. Cette corne de grande puissance (v. 5b), c’est lui, c’est Alexandre. Il avait effectivement réuni les Grecs contre l’empire des Perses et les avait conduits en Asie. En trois ou quatre ans, tout fut bouleversé. L’immense empire des Perses s’est écroulé devant l’énergie d’Alexandre, Cela lui valut, au milieu des hommes, le titre de « Grand ». Mais à la suite de ses excès il mourut jeune.

Alexandre devint donc « très-grand » (v. 8 + ch. 7, 6 en parallèle). Alexandre alla jusqu’aux Indes, traversant l’Asie avec une énergie rare et se distingue comme général et comme fondateur d’un empire solide. Toutefois, Dieu mit sa main sur lui. Son royaume fut divisé en quatre. Ce sont les quatre cornes du v. 8. Dès lors, deux de ces quatre monarchies sont spécialement en vue du fait qu’elles furent aux prises avec les Juifs. En étudiant la prophétie, comprenons bien que Christ est le but de tous les conseils de Dieu et que les Juifs sont l’objet de ses conseils ici-bas. Ainsi (v. 9 à 12), retenons que le fait d’ôter à Jérusalem le sacrifice continuel est une chose très importante. C’est le culte de Dieu, dans ce lieu, qui est complétement détruit. La petite corne du v. 9 représente donc l’Assyrien, celle de Dan. 7, 8 faisant plutôt penser à la bête de l’empire romain.
Le v. 11 a déjà trouvé une mesure d’accomplissement quand Antiochus Epiphane pénétra dans le sanctuaire profanant l’autel par le sacrifice d’une truie et il est permis de croire que les 2300 soirs et matins du v. 14 se reportent à cette phase.

Dieu permet tout cela, que son sanctuaire, son culte soient renversés, soient abolis. Alors (v. 13) la durée de ce temps d’affliction est demandée. Dieu, dans cette prophétie, prend un personnage en figure. C’est Antiochus Epiphane. Puis Il en donne son histoire en prenant certaines circonstances pour montrer ce que l’antitype fera plus tard. Ici Il prend des circonstances qui sont arrivées aux Juifs sous la monarchie syrienne et Il se sert de quelques-uns de ces circonstances pour nous dire ce qu’il arrivera à la fin. Le v. 14, étant donné la réponse, facilite l’intelligence de ce passage.

Versets 15 à 26 : apparition céleste à Daniel et, dès v. 18, interprétation de la vision par l’ange Gabriel. Au v. 19, il y a le mot « indignation ». Ce mot est souvent employé dans les prophéties. Le mal, qui a été caractéristique dès le temps d’Achaz, a continué en allant en augmentant malgré les règnes remarquables d’Ézéchias et de Josias. Les Juifs n’ont pas voulu se repentir et la main de Dieu s’est appesantie. Cela a continué et continuera jusqu’à ce que le peuple revienne. L’indignation consiste en ce que Dieu abandonne Israël à la puissance de ses ennemis. Ce sont les attaques auxquelles les Juifs sont abandonnés en raison de leurs iniquités aux derniers jours ; la prophétie va donc jusqu’au temps de l’Antichrist. Au v. 23 et début du v. 24 : « Et au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure, il s’élèvera un roi au visage audacieux, et entendant les énigmes ; et sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance ». Ce passage est relatif à un royaume qui s’élèvera. Il est question du « dernier temps » des rois qui ont partagé l’empire grec. Il y aura notamment le roi du midi et le roi du nord, soit le roi d’Egypte et le roi de la Turquie d’Asie. En scène, il s’agira sera spécialement du roi du nord préfiguré par cette ancienne corne de la monarchie des Grecs. Ainsi, par le v. 24, il ressort que ce roi, dont Antiochus Epiphane était le type, sera sous la dépendance de quelque autre puissance. Le v. 25 précise que ce roi agira aussi par subtilité ; il pénétrera par des moyens de paix et aura une grande influence sur la nation juive. Il s’élèvera contre Christ qui est le prince des  princes mais il sera détruit sans mains comme cela ressort de l’explication de la conduite de cette petite corne (cf v. 8).

Encore :

·       En résumé disons que la « petite corne » opprime les Juifs et en triomphe. Par la subtilité de son esprit elle en honorera plusieurs par la paix et la prospérité ; elle agira au milieu du peuple juif à la fin mais elle sera détruite quand elle s’élèvera contre Christ.

·       Le bouc des v. 5 et 21 correspond au léopard du chapitre précédent. Les premiers versets du chapitre suffiraient à clore à jamais la discussion quant à l’authenticité des dates du livre. Le terme « d’armée des cieux » désigne ceux qui sont en autorité parmi les Juifs.


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Chapitre 9

1 La première année de Darius, fils d’Assuérus, de la semence des Mèdes, qui fut fait roi sur le royaume des Chaldéens, 2 la première année de son règne,  moi, Daniel, je compris par les livres que le nombre des années touchant lequel la parole de l’Éternel vint à Jérémie le prophète, pour l’accomplissement des désolations de Jérusalem, était de soixante-dix années. 3 Et je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, pour [le] rechercher par la prière et la supplication, dans le jeûne, et le sac et la cendre. 4 Et je priai l’Éternel, mon Dieu, et je fis ma confession, et je dis: Je te supplie, Seigneur, le *Dieugrand et terrible, qui gardes l’alliance et la bonté envers ceux qui t’aiment et qui gardent tes commandements! 5 Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons agi méchamment, et nous nous sommes rebellés et nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances; 6 et nous n’avons pas écouté tes serviteurs les prophètes, qui parlaient en ton nom à nos rois, à nos princes, et à nos pères, et à tout le peuple du pays. 7 À toi, Seigneur, la justice, et à nous la confusion de face, comme [elle est] aujourd’hui, — aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem et à tout Israël, à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, dans tous les pays où tu les as chassés, à cause de leurs infidélités par lesquelles ils ont été infidèles envers toi. 8 Seigneur*, à nous la confusion de face, à nos rois, à nos princes, et à nos pères, parce que nous avons péché contre toi. 9 Au Seigneur notre Dieu sont les compassions et les pardons, car nous nous sommes rebellés contre lui, 10 et nous n’avons pas écouté la voix de l’Éternel, notre Dieu, pour marcher selon ses lois qu’il a mises devant nous par ses serviteurs les prophètes. 11 Et tout Israël a transgressé ta loi et s’est détourné en n’écoutant pas ta voix. Alors ont été versés sur nous l’exécration et le serment qui sont écrits dans la loi de Moïse, serviteur de Dieu, parce que nous avons péché contre lui; 12 et il a accompli ses paroles qu’il a prononcées contre nous et contre nos juges qui nous jugeaient, en faisant venir sur nous un mal si grand que rien ne s’est fait sous tous les cieux comme ce qui a été fait à Jérusalem. 13 Selon qu’il est écrit dans la loi de Moïse, tout ce mal est venu sur nous; et nous n’avons pas imploré l’Éternel, notre Dieu, afin de revenir de nos iniquités et de comprendre ta vérité. 14 Et l’Éternel a veillé sur le mal, et l’a fait venir sur nous; car l’Éternel, notre Dieu, est juste dans toutes les œuvres qu’il a faites; et nous n’avons pas écouté sa voix. — 15 Et maintenant, Seigneur, notre Dieu, toi qui as fait sortir ton peuple du pays d’Égypte à main forte, et qui t’es fait un nom, comme [il paraît] aujourd’hui: nous avons péché, nous avons agi méchamment! 16 Seigneur, selon toutes tes justices, que ta colère et ta fureur se détournent, je te prie, de ta ville de Jérusalem, ta sainte montagne. Car à cause de nos péchés, et à cause des iniquités de nos pères, Jérusalem et ton peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous entourent. 17 Et maintenant, écoute, ô notre Dieu, la prière de ton serviteur et ses supplications, et, pour l’amour du Seigneur, fais luire ta face sur ton sanctuaire désolé. 18 Incline ton oreille, ô mon Dieu, et écoute; ouvre tes yeux, et vois nos désolations, et la ville qui est appelée de ton nom. Car ce n’est pas à cause de nos justices que nous présentons* devant toi nos supplications, mais à cause de tes grandes** compassions. 19 Seigneur, écoute; Seigneur, pardonne; Seigneur, sois attentif et agis; ne tarde pas, à cause de toi-même, mon Dieu; car ta ville et ton peuple sont appelés de ton nom.

20 Et je parlais encore, et je priais et confessais mon péché et le péché de mon peuple Israël, et je présentais ma supplication devant l’Éternel, mon Dieu, pour la sainte montagne de mon Dieu, — 21 je parlais encore en priant, et l’homme Gabriel que j’avais vu dans la vision au commencement, volant avec rapidité, me toucha vers le temps de l’offrande de gâteau du soir. 22 Et il me fit comprendre, et me parla, et dit: Daniel, je suis maintenant sorti pour éclairer ton intelligence. 23 Au commencement de tes supplications la parole est sortie, et je suis venu pour [te la] déclarer, car tu es un bien-aimé. Comprends donc la parole, et sois intelligent dans la vision: 24 Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville, pour clore la transgression, et pour en finir avec les péchés, et pour faire propitiation pour l’iniquité, et pour introduire la justice des siècles, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints. 25 Et sache, et comprends: Depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem, jusqu’au Messie, [le] prince*, il y a sept semaines et soixante-deux semaines; la place et le fossé seront rebâtis, et [cela] en des temps de trouble. 26 Et après les soixante-deux semaines, [le] Messie sera retranché et n’aura rien; et le peuple du prince qui viendra, détruira la ville et le lieu saint, et la fin en sera avec débordement; et jusqu’à la fin [il y aura] guerre, un décret de désolations. 27 Et il confirmera une alliance avec la multitude [pour] une semaine; et au milieu de la semaineil fera cesser le sacrifice et l’offrande; et à cause de la protection des abominations** [il y aura] un désolateur, et jusqu’à ce que la consomption et [ce qui est] décrété*** soient versés sur la désolée****.

 — v. 4: hébreu: El. — v. 8quelques-uns lisent: Éternel. — v. 18*: présenter, ici et verset 20comme Jér. 36:7, etc. — v. 18**: proprement: nombreuses. — v. 25: chef (Ésaïe 55:4). — v. 27*:
litt.: à la demi-semaine. — v. 27**: idoles. — v. 27***: comparer Ésaïe 10:23. — v. 27****: quelques-uns: le désolateur.




Commentaires du chapitre 9

Les chapitres 7 à 11

Histoire prophétique des quatre empires universels

Chapitre 9 :  humiliation de Daniel et les 70 semaines d’années

v. 01 à 06 : prière, durée de la captivité, confession des péchés du peuple

v. 07 à 14 : voies de Dieu envers Israël

v. 15 à 19 : appel pressant à la miséricorde divine

v. 20 à 27 : les 70 semaines

 

En fait, deux grandes parties dans ce chapitre : 1) la confession et la prière (v. 1-19) et 2) les 70 semaines (depuis le v. 20).

Versets 1 à 19 : ils dégagent une instruction morale de la plus haute importance. Afin de bien la saisir, il faut d’une part l’étudier en tenant bien compte des dispensations et de l’autre, il faut avant tout l’état d’âme de Daniel. Ce chapitre, comme le sixième, se situe au temps de Darius. Les chapitres 7 et 8 au temps de Nebucadnetsar. Même si le jugement de Babylone est consommé, Daniel demeure oppressé sous un lourd fardeau, celui des désolations de Jérusalem (v. 2). Puis (v. 3 à 7) le récit fait ressortir le soupir de la foi dans un temps de ruine. « Jusque à quand ? » Le peuple est en captivité, la cité bien-aimée ne forme plus qu’un amas de ruines. Comme Jérémie (Jér. 15, 16), Daniel trouve secours et consolation dans la Parole de Dieu.

Au ch. 5, lors de la nuit d’orgie organisée par le roi Belshatsar, Daniel interprétait la sentence : « Dieu a compté ton royaume et y a mis fin » ; il pouvait en même temps lire l’accomplissement de la prophétie quant aux 70 ans qui allaient se terminer. Bien que Jérusalem soit toujours désolée, et Daniel toujours emprisonné, l’effet des paroles de Jér. 29, 10 à 14 sur Daniel est admirable. Pénétré de l’Esprit de Christ, Daniel s’identifie entièrement avec les fautes et les péchés du peuple. Au lieu de se livrer à des éclats de joie, il tombe à genoux et répand son âme en prière et en confession de péchés (v. 5, 6, et suivants). Au v. 7 Daniel va plus loin encore. Il justifie Dieu après s’être condamné avec son peuple. Puis le v. 9 mentionne le fait qu’aucun ne méritait compassion et pardon car tous avaient transgressé la loi (cf v. 8, 10 et 11). Les jugements y relatifs furent prédits dès longtemps comme en font part les chapitres 28 du Deutéronome et 26 du Lévitique. Le jugement tombait maintenant sur les rebelles sans diminuer l’énergie de la foi du prophète qui a recourt aux promesses pleines de grâce de Jéhovah (voir Lév. 26, 40 à 46. En tant qu’intercesseur, Daniel se place sur le terrain de la rédemption (v. 15) puis sur celui de la justice (v. 16). La justice exerce la vengeance mais elle est aussi là pour l’accomplissement des promesses de bénédiction. Daniel, en poursuivant son intercession, revendique maintenant, pour le peuple tombé si bas, le caractère de peuple de Dieu. Pourtant, que ce soient « la ville de Jérusalem, la sainte montagne, le peuple », rien ne pouvait appuyer ces requêtes ; aucun mérite. Mais ces requêtes deviennent d’autant plus ferventes en faisant valoir le fait qu’Israël est son peuple et qu’il est appelé de son nom (voir v. 17, 18 et 19). Il est remarquable de constater que Daniel s’identifie avec la nation pécheresse. Il associe aussi cette nation avec lui dans la confession malgré le fait qu’un tout petit nombre d’entre eux prirent, sans doute, cette position. Ce n’est pas, dit-il, à cause de nos justices que nous présentons devant toi nos supplications, mais à cause de tes grandes compassions.

Avant de prendre le paragraphe des 70 semaines remarquons que, dans sa prière, Daniel insiste sur le serment écrit dans la loi de Moïse, sans faire allusion aux promesses faites à Abraham. Sur la foi de ces promesses, le peuple juif sera éventuellement ramené dans son pays. Mais en attendant, il est placé en tant que responsable « sous l’obéissance à la loi ». Les déclarations de Daniel témoignent de l’exécution de la sentence de Lév. 26, 33 à 35 : « 33 et vous, je vous disperserai parmi les nations, et je tirerai l’épée après vous, et votre pays sera mis en désolation, et vos villes seront un désert. 34 Alors le pays jouira de ses sabbats tous les jours de sa désolation : quand vous, vous serez dans le pays de vos ennemis, alors le pays se reposera, et jouira de* ses sabbats. 35 Tous les jours qu’il sera désolé, il se reposera, parce qu’il ne s’était pas reposé dans vos sabbats pendant que vous y habitiez. »Et la captivité de Babylone arriva selon 2 Chr. 36, 21 : « 21 afin que fût accomplie la parole de l’Éternel, [dite] par la bouche de Jérémie, jusqu’à ce que le pays eût joui de ses sabbats. Tous les jours de sa désolation il se reposa, jusqu’à ce que soixante-dix ans fussent  accomplis ».

Mais ces septante ans arrivaient à leur fin et la réponse est envoyée à Daniel alors que les lèvres du prophète prononcent encore cette prière (v. 20 et 21).

Versets 20 à 27 : les septante semaines. L’homme Gabriel (v. 21 à 23) va révéler, dès le v. 24, ce que sont les 70 semaines. Ainsi « 70 semaines ont été déterminées sur ton peuple ». Tout ce passage respire une atmosphère juive (« ton peuple »). Le peuple signifie « les Juifs ». Jérusalem est la sainte cité. Il ne faut donc pas, dans ce passage, associer l’Église. C’est donc vers le temps de l’offrande de gâteau du soir (v. 21) que le prophète fléchit les genoux en prière. Il est bien éloigné de Jérusalem ; il est aussi privé de la joie d’aller à la maison de l’Éternel. Toutefois, ses pensées le transportent néanmoins là et Dieu l’accueille selon ses promesses de Lév. 26, 40 à 46. Les prophéties de Jérémie avaient apporté à Daniel la douce perspective d’une prochaine délivrance. Mais l’Esprit de Dieu dirige sa vue bien au-delà, c’est-à-dire vers les bénédictions futures. Au v. 24 il s’agit de semaines d’années. Sept fois septante = 490 ans.

Répondant à sa prière Dieu utilise le même mot que Daniel pour lui présenter la glorieuse perspective de la justice des siècles pour en finir avec le péché. Cette glorieuse perspective est future car Israël demeure encore aujourd’hui (2018) sous les conséquences d’une culpabilité à côté de laquelle palissent les transgressions qui l’avaient conduit à Babylone. Si les Juifs ont été exilés pendant septante ans de la terre profanée par ces faux dieux, son exil actuel depuis bientôt deux mille ans est dû à un crime bien plus grand : le rejet du Messie. La croix ayant eu lieu, le croyant peut déjà s’attribuer les bénédictions de nos versets, mais pour le peuple juif, leur accomplissement est encore à venir.

Verset 25 : l’on voit, dès ce verset, la merveilleuse réponse à la prière de Daniel. L’honneur lui est conféré de recevoir, pour la passer à d’autres, une communication d’une importance suprême quant à la venue du Messie. La date même est fixée d’une manière précise. Le point de départ des septante semaines d’années est exactement indiqué. On a cru voir, dans ce passage, le voyage d’Esdras à Jérusalem en l’an 536 av. J.-C. ; toutefois, le but d’Esdras était la reconstruction de la maison de l’Eternel. Ici, il s’agit ici de rebâtir Jérusalem, la cité et non pas la maison de l’Éternel, c’est-à-dire le temple. Ainsi, dans Daniel, l’allusion est faite à Néh. 1, 2, c’est-à-dire 455 ans av. J.-C. : « Hanani, l’un de mes frères, lui et quelques hommes vinrent de Juda ; et je les interrogeai sur les juifs, les réchappés qui étaient restés de la captivité, et au sujet de Jérusalem ; »

Depuis cette date, au mois de Nisan, en la vingtième année du roi Artaxerxès, soixante-neuf semaines doivent être comptées jusqu’au Messie. 69 x 7 = 483 ans ; elles sont encore subdivisées en 7 semaines et 62 semaines. Pourquoi ? Les 7 semaines signifient sans doute le temps durant lequel la muraille fut relevée, la place et le fossé (cf Néh. 4, 17). Puis viennent ensuite les 62 semaines, faisant 69 semaines en tout. Il y a donc 483 ans jusqu’au Christ.

Verset 26 : le Messie est mentionné. Quant au prince, c’est un autre personnage. C’est, ou plutôt, ce sera « un ennemi » (commentaires suivent plus loin). Relevons que l’exactitude des dates des portions bibliques, que ce soit historique ou prophétique, résiste à tous les efforts du rationalisme pour les battre en brèche. Dès lors, la critique n’a qu’une seule chose à faire : s’incliner. Donc : au v. 1, la date peut être déterminée à environ 538 av. J.-C. Mais le point de départ des septante semaines, selon Néh. 2, 1, est 455 av. J.-C., au mois de Nisan. Un auteur, qui a fait des dates une étude spéciale, les classe ainsi :

·       L’édit pour la reconstruction de Jérusalem part du premier Nisan en 455 av. J.-C. Soixante-neuf semaines d’années prophétiques doivent dès lors s’écouler jusqu’au Messie, le Prince.

·       L’année prophétique a 360 jours, cela est évident pour ceux qui comparent les différentes manières dont la Parole décrit la même période prophétique : un temps, des temps et une moitié de temps, c’est-à-dire trois ans et demi, quarante-deux mois ou mille deux cent soixante jours. Mais 483 ans à trois cent soixante jours font 173 880 jours comptés depuis le premier Nisan, dès la vingtième année d’Artaxerxès, s’achève le dix de Nisan de la dix-huitième année de Tiber (= an 32), le jour même où, accomplissant cette prophétie, aussi bien que celle de Zacharie, le Seigneur faisait sa première et seule entrée publique à Jérusalem. L’époque de l’apparition du Messie est donc annoncée avec une précision absolue, et les âmes pieuses en Israël l’attendaient à ce moment même. Des mages de l’Orient arrivaient pour l’adorer et tout Jérusalem en était troublé, selon Luc 2, 25 ; 3, 15 ; Marc 11, 9 à 11, etc.

Si l’on fait le calcul des 483 ans avec 365 jours au lieu de 360, l’on obtient 176295 jours soit une différence de 2415 jours par rapport au nombre de jours de l’année prophétique, ou environ 6 ans.

Quoiqu’il en soit et malgré tout, le Messie est retranché. Daniel en fait part dans ce v. 26. Dieu avait autre chose en vue, non révélé dans l’Ancien Testament : le mystère de l’Église. Relevons que les bénédictions (voir v. 24) ne sont pas encore réalisées. La destruction de Jérusalem, sous Titus, est une conséquence du rejet du Messie. Le peuple a été ensuite dispersé et foulé aux pieds. Par suite du rejet du Messie, il y a une interruption dans le cours des événements prophétiques. Ainsi, la septantième semaine est séparée de la soixante-neuvième. Au crime national, succède une période indéfinie de désolation, de troubles, de confusions. C’est l’histoire du peuple juif que chacun peut lire et attribuer à sa vraie cause. La vraie cause, c’est la crucifixion du Messie avant la septantième semaine. Entre les semaines 69 et 70, il y a une parenthèse pendant laquelle prend place la période de l’Église. Cette parenthèse se fermera quand Christ viendra du ciel ravir les siens.

Encore : au v. 26 la ville et le lieu saint furent détruits par les Romains appelés « le peuple du prince qui viendra ». Si le peuple englobe les Romains, qui en est le prince ? Ni Christ, ni Titus mais quelqu’un à venir et qui viendra à la fin de ces désolations, déterminées pour « le peuple de Daniel », c’est-à-dire pour les Juifs. Cela après la résurrection de l’empire romain sur lequel ce prince dominera.

Verset 27 : ce prince confirmera une alliance avec la multitude pour une semaine qui est la dernière des septante semaines et qui commencera à ce moment-là. Elle marquera la reprise des temps prophétiques. Répétons, en relation avec cette 70ème semaine, qu’il ne faut pas fixer une date quant au retour de Christ pour enlever son Église puisque l’Église est en dehors de toute prophétie. Donc, comme l’indique le v. 27, les Juifs feront alliance avec l’empire romain. Cela n’est pas étonnant en voyant les Juifs retournés dans leur pays (surtout dès 1948) dans un état d’incrédulité. Nous ne pouvons pas dire si cette alliance aura lieu directement après l’enlèvement de l’Église mais tout porte à croire que ce laps de temps ne sera pas long. C’est lorsque l’alliance sera confirmée que débutera la septantième semaine. Le résidu fidèle la refusera lorsque le prince romain fera cesser le sacrifice et l’offrande.
Au milieu de la semaine, la grande tribulation commencera. C’est la période qui remplit la deuxième moitié de la dernière semaine. Ce prince n’est pas l’Antichrist car ce dernier régnera à Jérusalem et sera sans doute l’artisan de l’alliance avec le prince. Au sujet de l’Antichrist, accepté comme Messie (voir entre autres passages Matt. 12, 43 à 45 et la deuxième épître aux Thessaloniciens). Il en ressort que, par suite du rejet du vrai Messie, la condition juive sera pire que lorsqu’ils étaient sous Babylone.
Par « protection des abominations » (v. 27), il faut comprendre « l’idolâtrie sous l’Antichrist ». Le « désolateur », dans ce même verset, est « l’Assyrien » (un roi du nord). Jérusalem est « la désolée » (voir Es. 38, 15 ; 10, 5). 

 

 

 

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Chapitre 10

1 La troisième année de Cyrus,* roi de Perse, une chose fut révélée à Daniel qui est appelé du nom de Belteshatsar; et la chose est vraie, mais le temps d’épreuve déterminé est long. Et il comprit la chose et eut l’intelligence de la vision.

2 En ces jours-là, moi, Daniel, je menai deuil trois semaines entières; 3 je ne mangeai pas de pain agréable, et la chair et le vin n’entrèrent pas dans ma bouche; et je ne m’oignis point, jusqu’à ce que trois semaines entières fussent accomplies.

4 Et le vingt-quatrième jour du premier mois, j’étais au bord du grand fleuve qui est le Hiddékel; 5 et je levai les yeux, et je vis; et voici un homme vêtu de  lin, et ses reins étaient ceints d’or d’Uphaz; 6 et son corps était comme un chrysolithe, et son visage comme l’aspect de l’éclair, et ses yeux comme des flammes de feu, et ses bras et ses pieds comme l’apparence de l’airain poli, et la voix de ses paroles comme la voix d’une multitude. 7 Et moi, Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne virent pas la vision, mais un grand tremblement tomba sur eux, et ils coururent pour se cacher. 8 Et moi je fus laissé seul, et je vis cette grande vision; et il ne resta aucune force en moi, et mon teint frais* fut changé en corruption, et je ne conservai aucune force. 9 Et j’entendis la voix de ses paroles; et, comme j’entendais la voix de ses paroles, je tombai* dans une profonde stupeur sur ma face, et ma face contre terre. 10 Et voici, une main me toucha et me secoua, [et me mit] sur mes genoux et sur les paumes de mes mains. 11 Et il me dit: Daniel, homme bien-aimé, comprends les paroles que je te dis, et tiens-toi debout à la place où tu es; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et comme il parlait avec moi, [disant] cette parole, je me tins debout, tremblant. 12 Et il me dit: Ne crains pas, Daniel, car dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre et à t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et moi, je suis venu à cause de tes paroles; 13 mais le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours, et voici, Micaël, un des premiers chefs, vint à mon secours: et je restailà, auprès des rois de Perse. 14 Et je suis venu pour te faire comprendre ce qui arrivera à ton peuple à la fin des jours; car la vision est encore pour [beaucoup de]* jours. 15 Et comme il parlait avec moi selon ces paroles, je tournai ma face vers la terre, et je devins muet. 16 Et voici, comme la ressemblance des fils des hommes toucha mes lèvres. Et j’ouvris ma bouche et je parlai, et je dis à celui qui se tenait devant moi: Mon seigneur, par la vision les douleurs m’ont saisi, et je n’ai conservé aucune force. 17 Et comment le serviteur de mon seigneur, que voici, parlerait-il avec mon seigneur, que voici? Car pour moi, dès maintenant, aucune force ne subsiste en moi, et il ne reste plus en moi de souffle. 18 Et comme l’aspect d’un homme me toucha de nouveau, et me fortifia, et il dit: 19 Ne crains pas, homme bien-aimé; paix te soit! sois fort, oui, sois fort! Et comme il parlait avec moi, je pris des forces, et je dis: Que mon seigneur parle, car tu m’as fortifié.

20 Et il dit: Sais-tu pourquoi je suis venu vers toi? Et maintenant, je m’en retournerai pour combattre contre le chef de la Perse; et quand je sortirai, voici, le chef de Javan* viendra. 21 Cependant je te déclarerai ce qui est consigné dans l’écrit de vérité; et pas un seul ne tient ferme avec moi contre ceux-là*, sinon Micaël, votre chef.
—  v. 1: date: A.C. 534. — v. 8: ou: beauté. — v. 9litt.: je fus. — v. 13: d’autres: je prévalus. — v. 14: ou: pour ces.




Commentaires du chapitre 10

Les chapitres 7 à 11

Histoire prophétique des quatre empires universels

Chapitre 10 :  Daniel avisé en rapport avec les rois du nord et du midi (ch. 11)

v. 01 à 09 : préparation morale du prophète et vision de Christ au bord du Tigre

v. 10 à 14 : révélations à Daniel malgré l’opposition du chef du royaume de Perse

v. 15 à 19 : consolations et promesses divines

v. 20 – 21 :  révélations à venir (introduction)

 
Ce chapitre renseigne sur la position de Daniel, en prière et affligé. Des choses invisibles, en relation avec le gouvernement d’en-haut, sont aussi révélées. Les ch. 10 à 12 forment un tout, une même prophétie. La grande puissance occidentale, l’empire romain, occupait la fin du neuvième chapitre. D’autres personnages des derniers jours, égaux en importance, vont maintenant se succéder en vision devant l’esprit du prophète.

Ainsi, au début du chapitre, Daniel continuait comme si la captivité n’était pas encore finie et affligeait son âme devant Dieu. Malgré une certaine délivrance et quelques rafraîchissements d’en-haut, Daniel comprenait bien que les promesses de Dieu n’étaient vraiment accomplies. Daniel englobe dans sa pensée, par l’Esprit de Dieu, toute la période du temps des Gentils.

Versets 01 à 09 : préparation morale du prophète et vision de Christ au bord du Tigre.
Versets 10 à 14 : révélations à Daniel malgré l’opposition du chef du royaume de Perse.

 

C’est la troisième année de Cyrus ou A.C. 534 (v. 1). « Sa » première année était en rapport avec la captivité de 70 ans (cf Es. 44, 28; 2 Chr. 36, 22 et 23; Esd. 1. La reconstruction du temple était alors en vue. Fait remarquable : Daniel était de ceux qui n’avaient pas profité du décret de Cyrus autorisant les Juifs à retourner à Jérusalem. L’état d’âme du prophète était caractérisé par d’autres circonstances remarquables et ouvrant un horizon à nos méditations. Ainsi, v. 2 à 4, Daniel mène deuil au bord du Tigre (ou Hiddékel). Quelque 50’000 Juifs retournaient à Jérusalem et tout semblait bien aller. D’une part, en Esdras ch. 3, il y a de belles expressions : « Comme un seul homme » ; « en louant et en célébrant ». Et, pendant ce temps, Daniel menait deuil, affligeait son âme et s’humiliait devant l’Éternel. Pour Daniel, la bénédiction prononcée par Cyrus (Es. 44, 28 et suivants), prophétie annoncée cent ans avant la naissance de ce roi, quelque immense qu’elle fut, lui semblait peu de chose à côté des conseils de Dieu envers son peuple. De longues et pénibles années devaient encore s’écouler avant la venue du Messie promis. Des désolations pires que les précédentes attendaient, de plus, la nation coupable du rejet de leur Messie. Comment donc s’étonner de la position de Daniel ! Son attitude morale est bien celle d’un homme marchant avec Dieu au jour du déclin et de la ruine. Dans une telle attitude, Daniel est prêt à être l’instrument choisi de Dieu pour recevoir de nouvelles révélations ; Dieu le préparait à les recevoir sans danger pour son orgueil.

 

Il y a tout d’abord (v. 4 et suivants) le Seigneur de gloire qui se présente lui-même à son serviteur bien-aimé. Celui qui paraît revêtu des attributs de la justice souveraine (v. 5 et 6) ne peut être que le Messie retranché qui sera aussi glorifié. En présence de la gloire du Seigneur, le pécheur apprend qu’il est vil, qu’il n’est rien (v. 8). Puis un sujet profondément intéressant, en rapport avec les voies de Dieu en gouvernement se trouve dans les v. 9 à 11. C’est le sujet du ministère des anges, en lutte, dans le monde invisible entre la lumière et la puissance des ténèbres. Alors (v. 12) Daniel apprend pourquoi il a dû attendre pour recevoir une réponse à sa prière. Dieu n’était pas indifférent à la requête car, dès le premier jour, ses paroles ont été entendues. L’homme qui parle ici n’est pas le même que celui du v. 5. Il semble bien qu’il s’agit simplement d’un ange. Un ange est un agent actif dans le gouvernement de la terre. Ils accomplissent le bon plaisir de Dieu (voir Ps. 103, 20 et 21; Ps. 104, 4). Ils agissent en protection et en délivrance pour les saints et exécutent les desseins divins envers la terre. La position de Daniel ressort ainsi de ce v. 12 : il est affligé en la présence de son Dieu. En effet, si quelque 50’000 Juifs (cf Néh. 7, 66 et 67) environ sont retournés, ce n’était pas la captivité de Babylone qui préoccupait le cœur de Daniel, mais le fait que le peuple n’était nullement dans l’état que l’esprit prophétique de Daniel aurait approuvé pour l’accomplissement des bénédictions.

Application pratique pour nous en rapport avec les prières : n’attendons pas que Dieu ne mette notre foi à l’épreuve ! Ce n’est pas qu’il ne nous ait entendu ou exaucé, mais il veut voir si la foi va jusqu’au bout de la difficulté, et alors il répond. D’un autre côté, nous voyons le service même des anges dans le gouvernement de Dieu et l’épreuve à laquelle ils sont exposés.

Le v. 13 fait ressortir que, le jour même où Daniel faisait sa prière, Dieu envoie son messager chargé de la réponse mais le chef du royaume de Perse lui résista 21 jours. Tout au long de cette lutte, entre puissances invisibles, Daniel continue ses ferventes supplications. Et il y a le secours de Micaël confirmant que l’homme du v. 12 n’est pas le Seigneur. Alors cet ange déclare à Daniel qu’il est envoyé pour l’informer sur ce qui attend son peuple à la fin des jours (v. 14). Un vaste horizon s’ouvre devant lui ; de nombreuses puissances paraissent et disparaissent, guerre et tumulte parmi les nations avant que luisent les temps de la délivrance d’Israël. Au v. 19 le seigneur ne laisse pas son serviteur sous le poids de la douleur. Malgré la puissance des ténèbres, le croyant poursuit son œuvre calmement et en pleine assurance de foi (v. 20 et 21).

L’instruction renfermée dans ce chapitre, au sujet de choses visibles et invisibles, est de toute importance pour nous faire rechercher ce que Dieu a révélé au sujet de l’avenir de ce monde. Elle doit aussi nous pousser à une marche dans la sainteté et la prière afin de ne pas être exposé à cette puissance qui cherche toujours à anéantir les conseils de Dieu.

 

Encore :

·       En Esd. 3, 13 il y a de la joie et des pleurs. Joie pour ceux qui ne pensent qu’aux circonstances du moment et pleurs pour ceux qui réalisent le triste état du peuple.

·       Par Néh. 9, 36 et 37, où il s’agit des rois de Perse, favorables au peuple juif, nous comprenons qu’il n’était pas possible que l’esprit, dans le prophète, puisse reconnaître que les pensées de Dieu à l’égard de son peuple soient accomplies.

·       Dans la confession du ch. 9, Daniel a beaucoup considéré l’état passé du peuple. Au ch. 10, c’est l’état à venir qui est surtout considéré.

·       Ce ch. 10 fait entrevoir le côté caché de la prophétie, c’est-à-dire la contrepartie céleste des événements d’ici-bas.

 

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Chapitre 11

1 Et moi, dans la première année de Darius, le Mède, je me tins là pour l’aider et le fortifier. 2 Et maintenant, je te déclarerai la vérité: Voici, il s’élèvera encore trois rois en Perse; et le quatrième deviendra riche de grandes richesses plus que tous, et quand il sera devenu fort par ses richesses, il excitera tout contre le royaume de Javan.
3 Et un roi vaillant se lèvera et exercera une grande domination, et il agira selon son bon plaisir. 4 Et quand il se sera levé, son royaume sera brisé et sera divisé vers les quatre vents des cieux, et [ne passera] pas à sa postérité, et ne sera pas selon la domination qu’il exerçait; car son royaume sera arraché, et sera à d’autres, outre ceux-là.
5 Et le roi du midi sera fort, et un de ses chefs; mais [un autre] sera plus fort que lui, et dominera; sa domination sera une grande domination. 6 Et au bout de [plusieurs] années, ils s’uniront ensemble; et la fille du roi du midi viendra vers le roi du nord pour faire un arrangement droit; mais elle ne conservera pas la force de son bras; et il ne subsistera pas, ni son bras; et elle sera livrée, elle, et ceux qui l’ont amenée*, et celui qui l’a engendrée**, et celui qui lui aidait dans ces temps-là.
7 Mais d’un rejeton de ses racines se lèvera à sa place [un homme], et il viendra à l’armée, et il entrera dans la forteresse du roi du nord; et il agira contre eux et se montrera puissant; 8 et même il emmènera captifs, en Égypte, leurs dieux et leurs princes*, avec leurs objets précieux, l’argent et l’or; et il subsistera plus d’années que le roi du nord. 9 Et celui-ci viendra dans le royaume du roi du midi et il retournera dans son pays.
10 Mais ses fils s’irriteront et rassembleront une multitude de forces nombreuses; et [l’un d’eux] viendra et inondera et passera outre; et il reviendra et poussera le combat jusqu’à sa forteresse. 11 Et le roi du midi s’exaspérera, et sortira, et fera la guerre contre lui, contre le roi du nord; et celui-ci mettra sur pied une grande multitude, mais la multitude sera livrée en sa main. 12 Et quand la multitude sera ôtée*, son** cœur s’exaltera, et il fera tomber des myriades; mais il ne prévaudra pas***. 13 Et le roi du nord reviendra et mettra sur pied une multitude plus grande que la première; et au bout d’une période d’années, il s’avancera avec une armée nombreuse et de grandes richesses. 14 Et, dans ces temps-là, plusieurs se lèveront contre le roi du midi, et les violents de ton peuple s’élèveront pour accomplir la vision; mais ils tomberont. 15 Et le roi du nord viendra, et il élèvera une terrasse, et s’emparera de la ville forte; et les forces du midi ne tiendront pas, ni l’élite de son peuple; et il n’y aura pas de force [en lui] pour se maintenir. 16 Mais celui qui vient contre lui agira selon son gré, et il n’y aura personne qui lui résiste; et il se tiendra dans le pays de beauté, ayant la destruction dans sa main; 17 et il dirigera sa face pour venir avec les forces de tout son royaume, et des hommes droits avec lui*, et il agira**; et il lui donnera la fille des femmes pour la pervertir; mais elle ne tiendra pas, et elle ne sera pas pour lui. 18 Et il tournera sa face vers les îles, et il en prendra beaucoup. Mais un chef mettra fin, pour lui, à son opprobre, [et] le fera retomber sur lui-même, sans opprobre pour lui; 19 et il tournera sa face vers les forteresses de son propre pays; et il bronchera et tombera, et ne sera pas trouvé.
20 Puis il s’en élèvera un à sa place qui fera passer l’exacteur par la gloire du royaume; mais en quelques jours il sera brisé, non par colère, ni par guerre. 21 Et un [homme] méprisé s’élèvera à sa place, auquel on ne donnera pas l’honneur du royaume; mais il entrera paisiblement, et prendra possession du royaume par des flatteries; 22 et les forces* qui débordent seront débordées devant lui et seront brisées, et même le prince de l’alliance. 23 Et dès qu’il se sera associé à lui, il agira avec fraude, et il montera, et sera fort avec peu de gens. 24 En pleine paix il entrera dans les lieux les plus riches de la province, et il fera ce que ses pères et les pères de ses pères n’ont pas fait; il leur distribuera du butin, et des dépouilles, et des richesses, et il tramera ses desseins contre les places fortes, et [cela] pour un temps.
25 Et il réveillera sa puissance et son cœur contre le roi du midi, avec une grande armée. Et le roi du midi s’engagera dans la guerre avec une grande et très-puissante armée. Mais il ne tiendra pas, car ils trameront leurs desseins contre lui; 26 et ceux qui mangeaient ses mets délicats le briseront; et son armée se dissoudra*, et beaucoup de gens tomberont tués. 27 Et ces deux rois auront à cœur de faire du mal, et diront des mensonges à une même table; mais cela ne réussira pas, car la fin sera encore pour le temps déterminé. 28 Et il retournera dans son pays avec de grandes richesses, et son cœur sera contre la sainte alliance, et il agira, et retournera dans son pays.
29 Au temps déterminé il retournera et viendra dans le midi; mais il n’en sera pas la dernière fois comme la première; 30 car les navires de Kittim viendront contre lui; et il sera découragé, et retournera et sera courroucé contre la sainte alliance, et il agira; et il retournera et portera son attention sur ceux qui abandonnent la sainte alliance. 31 Et des forces* se tiendront là de sa part, et elles profaneront le sanctuaire de la forteresse**, et ôteront le [sacrifice] continuel, et elles placeront l’abomination qui cause la désolation. 32 Et, par de douces paroles, il entraînera à l’impiété ceux qui agissent méchamment à l’égard de l’alliance; mais le peuple qui connaît son Dieu sera fort et agira. 33 Et les sages du peuple enseigneront la multitude*; et ils tomberont par l’épée et par la flamme, par la captivité et par le pillage, plusieurs jours. 34 Et quand ils tomberont, ils seront secourus avec un peu de secours, et plusieurs se joindront à eux par des flatteries. 35 Et d’entre les sages il en tombera pour les éprouver* ainsi, et pour les purifier, et pour les blanchir, jusqu’au temps de la fin; car ce sera encore pour le temps déterminé.
36 Et le roi agira selon son bon plaisir, et s’exaltera, et s’élèvera contre tout *dieu, et proférera des choses impies* contre le *Dieu des *dieux; et il prospérera jusqu’à ce que l’indignation soit accomplie; car ce qui est déterminé sera fait. 37 Et il n’aura point égard au Dieu de ses pères, et il n’aura point égard à l’objet du désir des femmes, ni à aucun #dieu; car il s’agrandira au-dessus de tout; 38 et, à sa place, il honorera le #dieu des forteresses: avec de l’or, et avec de l’argent, et avec des pierres précieuses, et avec des choses désirables, il honorera un #dieu que n’ont pas connu ses pères; 39 et il agira dans les lieux forts des forteresses, avec un #dieu étranger: à qui le reconnaîtra il multipliera* la gloire; et il les fera dominer sur la multitude** et [leur] partagera le pays en récompense.
40 Et, au temps de la fin, le roi du midi heurtera contre lui, et le roi du nord fondra sur lui comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec beaucoup de navires, et entrera dans les pays et inondera et passera outre; 41 et il viendra dans le pays de beauté, et plusieurs [pays] tomberont; mais ceux-ci échapperont de sa main: Édom, et Moab, et les principaux des fils d’Ammon. 42 Et il étendra sa main sur les pays, et le pays d’Égypte n’échappera pas. 43 Et il aura sous sa puissance les trésors d’or et d’argent, et toutes les choses désirables de l’Égypte; et les Libyens et les Éthiopiens* suivront ses pas. 44 Mais des nouvelles de l’orient et du nord l’effrayeront, et il sortira en grande fureur pour exterminer et détruire entièrement beaucoup de gens. 45 Et il plantera les tentes de son palais entre la mer* et la montagne de sainte beauté; et il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir.

—   v. 6*: ou: fait venir. — v. 6**: quelques-uns: qu’elle avait enfanté. — v. 8: litt.: oints; quelques-uns: leurs idoles de fonte. v. 12*: ou: s’élèvera. — v. 12**: du roi du midi. — v. 12***: ou: ne sera pas fortifié. — v. 17*: d’autres: pour faire un arrangement avec lui. — v. 17**: comme 8:12. —   v. 20: la Grèce. — v. 21: ou: pour ces choses.— v. 22: ici, comme ailleurs quelquefois, litt.: bras. v. 26: ailleurs: débordera. 31*: ici, comme ailleurs quelquefois, litt.: bras. — v. 31**: ou: le sanctuaire, la forteresse. — v. 33: litt.: les plusieurs. — v. 35: ailleurs: affiner. 36: ou: horribles. — 39*: ou: qu’il reconnaîtra [et] à qui il multipliera. — v. 39**: litt.: les plusieurs. v. 43: hébreu: Cushites. — v. 45: litt.: les mers, pour la Méditerranée, comme Juges 5:17.




Commentaires du chapitre 11

Les chapitres 7 à 11

Histoire prophétique des quatre empires universels

 

Chapitre 11 :  les rois du nord et du midi

 

v. 01 à 04     les rois de Perse et Alexandre

v. 05 à 20      les rois du nord et du midi (AC – 305 à – 175)

v. 21 à 35      Antiochus Épiphane et le peuple de Dieu

v. 36 à 39      Événements à venir : l’Antichrist

v. 40 à 45      Événements à venir : le roi du nord


Dans ce chapitre, Dieu ouvre à Daniel une large échappée sur les événements qui allaient se produire. Trois monarques perses allaient se succéder : Cambyse II, Smerdis le Mage, Darius Hystaspe, reconnus respectivement en Esd. 4, 6,7, 24. Après eux, il y a le riche et puissant Xerxès qui est l’Assuérus du livre d’Esther qui allait entreprendre une formidable offensive contre la Grèce. Alors il y a l’ascension éclaire d’Alexandre le Grand (v. 3 et 4) et la dispersion encore plus rapide de son royaume suivie de longs démêlés entre les deux principaux héritiers; alors, dans les v. 10 à 28, la rivalité de deux des quatre dynasties, qui allaient se partager l’empire grec d’Alexandre, est détaillée. Ce sont ces deux puissances concurrentes représentées par les rois du Nord et du Midi. L’on y reconnaît ce qu’il y a dans le cœur humain : guerre, traité d’alliance, flatterie, chantage et menaces, mariage diplomatique, assassinat, cupidité (v. 8), violence et crime (v. 14), mauvaises mœurs (v. 17), fraude (v. 23), corruption (v. 24), mensonge (v. 27).

Pour comprendre l’analogie et la différence des prophéties de Daniel et de l’Apocalypse, rappelons-nous que la première était pour le Juif, la seconde pour l’Église. Le ch. 10 servait en quelque sorte d’introduction au ch. 11.

Versets 1 à 4 : première partie de l’histoire de la monarchie grecque dont le chef (chef de Javan) est cité au ch. 10, 20. C’est le troisième empire. Ces versets donnent le fil de l’histoire. Celle de l’empire grec se rattache à celle de la Perse qui n’a pas d’autre importance ici. L’empire grec sera divisé, après le règne d’Alexandre, en quatre. Alexandre, fut le premier puissant roi de cet empire et l’instrument pour son établissement. Quelques aperçus de cet empire ont déjà été donnés au ch. 7, 6 et au ch. 8, 5, 13, 21, 22. L’empire grec est représenté, dans la statue du ch. 2, par un ventre et des cuisses d’airain. Après Alexandre, parmi les quatre chefs de cet empire, les deux principaux furent le roi du Nord et le roi du Midi. Ce fut toujours l’un ou l’autre de ces pouvoirs qui possédait le pays de Canaan, la terre sainte. C’est pourquoi ils sont introduits ici.

Versets 5 à 20 : le récit de la terre sainte et du peuple de Dieu, après l’établissement de la monarchie de Javan (ou grecque), se trouve dans ces versets et même jusqu’au-delà du v. 36. Dans l’histoire des relations entre le roi du Nord et le roi du Midi, chacun s’accorde à y voir l’histoire des deux familles des Séleucides et des Lagides ou Ptolémée.
L’alliance du v. 6 a eu lieu historiquement entre Ptolémée Philadelphe et Antiochus Theos, roi du Nord. La fille de roi (v. 6), fille de Philadelphe, s’appelait Bérénice. Le roi, son père, l’amena en grande pompe au roi de Syrie dont elle devint l’épouse en l’an 249 av. J.-C. Dans les v. 6 à 9, les rois du nord et du midi sont en vue. Le roi d’Égypte est clairement signalé comme étant le roi du midi. Si les v. 10 à 12 font ressortir des conflits entre ces deux rois, les v. 13 à 19 sont en relation avec le roi du nord. Le dernier de ces rois, dont nous avons l’histoire ici, est mentionné au v. 20. Ce qui est relaté de ce roi ne s’accomplira pas forcément à la fin. Mais ce roi est, en tous cas, le type de ce qui arrivera à la fin. Dans la partie historique, ce roi a notamment fait une expédition contre le roi du Midi puis une seconde (v. 29).

Versets 21 à 35 : il y a un seul personnage dans les v. 21 à 33. Puis (v. 33 à 36) il y a la tribulation et la captivité des Juifs jusqu’aux derniers jours. Et les v. 36 à 39 parlent de l’histoire de ce puissant et extraordinaire roi, si l’on peut le dire ainsi, qu’ est l’Antichrist. Des traits de l’Antichrist, en type, sont aussi mis en relief dans les v. 21 à 33 dans le roi du Nord. Remarquons encore que l’esprit d’apostasie décrit dans les Thessaloniciens est effectivement la source de la conduite de ce dernier roi présenté ici dans ses rapports avec les Juifs en Orient, mais moralement lié à ceux qui ont abandonné le christianisme. D’autres caractères de ce roi nous sont donnés ailleurs.

Ce qui est mentionné dans les v. 29 et 30 est de toute importance : la puissance occidentale, c’est-à-dire Kittim, s’introduit dans cette histoire des deux monarchies. Quant au peuple de Dieu, il se trouve toujours là entre la monarchie du Nord et celle du Sud. Mais à la dernière expédition du roi du nord contre celui du sud, dont il est question ici,  les navires de Kittim arrivent sur la scène. Il ne s’agit plus seulement de deux rois orientaux. Les navires de l’Occident de l’autre côté de la Méditerranée, que ce soit la Grèce ou l’Italie, interviennent.

 

Alors (v. 30 et 31) ceux qui abandonnent la sainte alliance sont là. Ce sont d’une part les Juifs reconnus comme objets de l’alliance de Dieu avec ceux qui ont abandonné cette alliance. D’autre part ceux de l’occident, du nord de la Méditerranée, se mêlent à la querelle. Les nouveaux éléments changent complètement la scène. Alors, v. 31, le dernier des des rois du Nord est là ; des forces se tiendront là de sa part. « De sa part », c’est-à-dire le lieutenant d’un roi, ou quelqu’un qui prend sa place comme commandant ou quelqu’un qui lui succède dans la régence. Historiquement ce passage se rapporte sans doute aux actes d’Antiochus Epiphane lors de son retour d’Egypte, quand les navires de Kittim l’ont arrêté dans ses desseins. Bien qu’il s’agisse ici d’un accomplissement partiel de ce qui se passera à la fin, l’acte est de toute importance car il donne, lorsqu’il sera réellement accompli, la date de la fin de l’indignation. En Matt. 24, 15 notre attention est attirée par cette date, en faisant allusion à Dan. 12, 11. Le calcul, qui sert de date à tant de bénédictions, a pour circonstance et pour point de départ Dan. 12, 11. Une figure de cela se trouve donc au v. 31 avec le fait arrivé historiquement. Les généraux d’Antiochus Epiphane ont souillé le sanctuaire. Mais comme vu, en Matt. 24, le Seigneur nous apprend que cet accomplissement est encore à venir. Les choses doivent donc avoir encore un accomplissement final ; Dan. 12 en fournit encore une preuve supplémentaire. Donc, de façon beaucoup plus marquée, Dan. 11, 30 et 31 doit encore s’accomplir ; ce fait prend dès lors une grande dimension en pensant au passé historique.

Puis au v. 32 l’on peut voir, en type, l’état du peuple lorsque ces malheurs arriveront à Jérusalem. Tout d’abord, le roi du Nord sera dans en Canaan à ce moment-là ; il fera pécher, par des flatteries, ceux des Juifs qui se comporteront méchamment à l’égard de l’alliance, c’est-à-dire les Juifs qui seront infidèles aux espérances juives elles-mêmes. Il les poussera à l’apostasie, à l’impiété. Mais le peuple qui connaît son Dieu, dont les Macchabées sont une figure, sera fort et agira. Il y a donc ici les infidèles et les fidèles avec le développement du mal et du bien.

Les sages du v. 33 sont des personnes instruites dans les pensées de Dieu. C’est le résidu juif (cf ch. 12, 10, 3). Ce même résidu est mentionné dans d’autres passages comme Ésaïe ch. 65 et 66. Quant à la multitude (v. 33), c’est littéralement «  les plusieurs » (ch. 9, 27; 11, 39 et 12, 3).

Les v. 34 et 35 reflètent l’épreuve de la foi qui sera celle du Résidu. Quelques-uns d’entre eux tomberont. Il faut que la foi soit ferme. Sinon, les autres diraient : « Où est leur Dieu ? ». Les Ps. 42 et 43 expriment, dans l’Esprit de Christ, l’angoisse de ce résidu auquel l’ennemi dira : « Où est ton Dieu ? ». Or voici que les intelligents, ceux qui avaient leur confiance en Dieu, tomberont comme les autres. Les incrédules diront : « Dieu n’intervient pas en leur faveur ? » Ces paroles nous présentent donc l’histoire du peuple depuis le temps d’Antiochus Epiphane jusqu’aux derniers jours. Cette histoire est donnée en termes généraux pour reprendre ensuite le fil des détails, lorsque le roi du Nord sera de nouveau sur la scène et que les circonstances seront l’accomplissement final ce dont l’histoire d’Antiochus Epiphane a présenté un tableau partiel.

Versets 36 à 45 : après l’histoire générale de l’état des Juifs, le v. 36 introduit un nouvel élément de la plus haute importance : le roi impie et idolâtre. C’est l’antichrist. Les expressions « plusieurs jours » (v. 33), et « temps déterminé » (v. 35) montraient déjà que l’Esprit va jusqu’à la fin en supprimant les détails relatifs à Antiochus. Or ce temps déterminé ayant été annoncé, le Saint Esprit désigne immédiatement l’homme qui caractérisera les temps auxquels nous sommes arrivés (selon les v. 36 à 39). L’objet du désir des femmes est le Messie promis. Quand Dieu s’occupe de son peuple, ne perdons pas de vue que les rois du Nord et du Midi sont également en scène. Ce roi (l’antichrist) est introduit entre les rois du Midi et du Nord (v. 40). Il habitera en Palestine et se trouvera dans ses terres. Ce roi participera à l’histoire géographique de ces pays d’Orient et se trouvera au milieu du peuple juif. Ces versets indiquent que ce roi est l’Antichrist. Peut-être qu’Es. 57, 9 s’applique à ce roi.

Ici, le roi est donc aussi vu en rapport avec le territoire contesté qui se trouve entre les rois du Midi et du Nord. Puis les v. 40 et 41 indiquent le temps où Dieu mettra fin à tout cela. Les rois du Nord et du Midi feront la guerre à l’antichrist qui est appelé « le roi ».  La fin du chapitre (v. 40 à 45) s’applique au roi du Nord. Au v. 41 « il viendra dans le pays de beauté ». La suite confirme que « le roi (ou antichrist) » n’est plus en vue. Dès ces versets, Daniel continue maintenant le fil de l’histoire,  interrompue par l’histoire du roi, c’est-à-dire qu’il reprend ce qui concerne les Juifs et les rois du Nord et du Midi.

Encore :

Ce qui est dit à partir du v. 36 est proprement prophétique. Une période d’environ 130 ans sépare les v. 5 et 20, soit depuis la mort d’Alexandre le Grand jusqu’à l’accession d’Antiochus Epiphane, « l’homme méprisé » du v. 21.

Au v. 5, « un autre sera plus fort que lui » se rapporte à Seleucus Nicator, premier roi du Nord. Sa domination sera une grande domination, observation importante parce qu’on limite souvent les confins du roi du Nord à la seule Syrie, tandis que celui de Seleucus Nicator allait de la Macédoine jusqu’aux frontières de l’Inde.

Dans ce chapitre, rappelons les trois rois en présence : 1) le roi régnant à Jérusalem ou Antichrist (v. 36 à 39) qui sera détruit par l’apparition de la venue de Christ, selon 2 Thes. 2,  et Apoc. 19, 20 et 21. 2). Les rois du Nord et du Midi avec leur histoire (dans les v. 5 à 20).

 

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Chapitre 12

1 Et en ce temps-là se lèvera Micaël, le grand chef, qui tient pour les fils de ton peuple; et ce sera un temps de détresse tel, qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là. Et en ce temps-là ton peuple sera délivré: quiconque sera trouvé écrit dans le livre. 2 Et plusieurs qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, pour être un objet d’horreur éternelle. 3 Et les sages brilleront comme la splendeur de l’étendue, et ceux qui ont enseigné la justice à la multitude*, comme les étoiles, à toujours et à perpétuité. 4 Et toi, Daniel, cache les paroles et scelle le livre jusqu’au temps de la fin. Plusieurs courront çà et là*; et la connaissance sera augmentée.

5 Et moi, Daniel, je regardai; et voici deux autres [personnages] qui se tenaient, l’un deçà, sur le bord du fleuve, et l’autre delà, sur le bord du fleuve. 6 Et il dit à l’homme vêtu de lin qui était au-dessus des eaux du fleuve: Jusques à quand la fin de ces merveilles? 7 Et j’entendis l’homme vêtu de lin qui était au-dessus des eaux du fleuve; et il leva sa main droite et sa main gauche vers les cieux, et jura par celui qui vit éternellement que ce serait pour un temps déterminé*, et des temps déterminés, et une moitié [de temps]; et lorsqu’il aura achevé de briser** la force du peuple saint, toutes ces choses seront achevées.

8 Et moi, j’entendis, mais je ne compris pas. Et je dis: Mon seigneur, quelle sera l’issue de ces choses? 9 Et il dit: Va, Daniel; car ces paroles sont cachées et scellées jusqu’au temps de la fin. 10 Plusieurs seront purifiés et blanchis et affinés; et les méchants agiront méchamment, et aucun des méchants ne comprendra; mais les sages comprendront. 11 Et depuis le temps où le [sacrifice] continuel sera ôté et où l’abomination qui désole sera placée, [il y aura] mille deux cent quatre-vingt-dix jours. 12 Bienheureux celui qui attend et qui parvient à mille trois cent trente-cinq jours! 13 Et toi, va jusqu’à la fin; et tu te reposeras, et tu te tiendras dans ton lot, à la fin des jours.

v. 3: litt.: les plusieurs. — v. 4: ou: sonderont [tout]. — v. 7*: période entre une fête et l’anniversaire qui suit (Lév. 23:2). — v. 7**: ou: disperser.




Commentaires du chapitre 12 

Chapitres 12
Conclusion. Le résidu fidèle. Grande tribulation. Fin du temps des nations

v. 01 à 04     la grande tribulation juive

v. 05 à 07     la vision des deux anges au bord du Tigre

v. 08 à 13     repos et bénédiction pour Daniel


Versets 1 à 4 : ce chapitre renseigne sur les temps de la fin. La consommation du siècle (Matt. 24, 3), en fait partie ; elle se rapporte à la fin de la loi et les Juifs s’y trouvent. La consommation du siècle est en contraste avec le siècle à venir pendant lequel le Messie lui-même se trouvera au milieu d’eux. Le siècle de la loi poursuivra son cours après l’enlèvement de l’Église, jusqu’à l’apparition de Christ en gloire. Dieu révèle quelle sera la condition du peuple de Daniel et quelles circonstances il traversera à la fin. « En ce temps-là » (selon ch. 12, 1) … c’est le temps mentionné au ch. 11. Au début de ce ch. 12, il ressort qu’Israël sera soutenu par un ministère angélique très efficace bien qu’invisible. Le « temps de détresse » est appelé ailleurs : « grande tribulation », « temps de détresse pour Jacob », etc. Selon Apoc. 3, 10, l’Église n’est pas du tout concernée par cette période. Elle ne sera plus sur la terre à ce moment-là. Le Seigneur lui-même parle de « la grande tribulation » en Matt. 24, 15 et suivants. Les effets se feront sentir partout mais les Juifs, qui ont crucifié leur Messie, seront particulièrement touchés. Après cette période de tribulations, des signes et des miracles se verront dans les cieux ; alors paraîtra le signe du Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire ; le jour du Seigneur, si fréquemment mentionné par les prophètes est aussi le jour de la délivrance pour le résidu fidèle à Jérusalem en même temps que la destruction de leurs ennemis rangés en bataille pour faire la guerre à l’Agneau. Puis le v. 2 mentionne, selon l’expression des prophètes, la résurrection d’Israël comme nation. Il y a la réponse de ce que sont devenues les dix tribus. L’épreuve des dix tribus les atteindra avant leur retour au pays des pères (voir Ezé. 20, 33 et 34). Une récompense spéciale sera décernée, non seulement à ceux qui resteront fidèles à ce temps d’épreuve, mais encore à ceux qui auront usé de leur influence pour instruire leurs compagnons dans une ligne de conduite agréable à Dieu (selon v. 3). Mais le temps de la fin n’est pas encore et Daniel reçoit l’ordre du v. 4.

Versets 5 à 7 : Daniel voit deux autres personnages (v. 5) en plus de l’homme revêtu de lin (v. 6). L’un de ces hommes demande à l’homme vêtu de lin la durée de ces merveilles, c’est-à-dire de cette grande tribulation. Le v. 7 en donne la réponse : trois ans et demi, ou la dernière moitié de la septantième semaine de Dan. 9.

Versets 8 à 13 : Daniel demande l’issue de ces choses mais le moment n’était pas encore venu pour de plus amples révélations (v. 8 et 9). Maintenant, pour les chrétiens de l’Église, c’est différent ; ces choses leur sont données à comprendre. Il n’en sera pas de même pour les fidèles de ce temps de la fin. C’est que Dieu, connaissant parfaitement toutes choses, révèle ou ne révèle pas dans telle ou telle dispensation. Au v. 10 : dans le temps à venir, les sages comprendront. Ils occuperont une place importante en contraste avec les méchants qui, malgré leur degré d’intelligence, ne comprendront pas. Cette intelligence dont il est question n’est pas simplement intellectuelle, mais morale. Pourquoi, dans les v. 11 et 12, est-il question de 1295 et 1335 jours alors qu’au v. 6 il y avait 1260 jours ? À quoi ces nombres se rapportent-ils ?

Eh bien le v. 11 indique clairement quel est le point de départ du calcul : c’est lors de la rupture de l’alliance future entre le chef de l’empire romain et les Juifs (voir ch. 9, 27) ; l’idolâtrie de l’Antichrist est établie dans le temple de Jérusalem. La tribulation, châtiment terrible de cette idolâtrie, envoyé de Dieu sur les Juifs, doit durer trois ans et demi, ou 1260 jours. Mais la bénédiction finale d’Israël ne suit pas immédiatement. La bénédiction complète vient après 1335 jours. La raison de cette prolongation de jours est suggérée par ce qui suit. L’Antichrist sera sans doute détruit mais il y aura encore sur la scène d’autres puissances impies : le roi du Nord, Gog et Magog (Ezé. 38 et 39), et d’autres encore de moindre importance dont le jugement s’accomplira après les 1260 jours. Ce jugement sera de courte durée. L’Écriture indique en effet clairement la fin du roi du Nord comme suivant de peu celle de l’Antichrist qui s’est produite lors de l’apparition du Seigneur.
L’Assyrien revenait alors d’Égypte après l’apparition du Christ en Sion. Le châtiment de Gog et Magog est même postérieur à cet événement.

Pour terminer ce livre, remarquons encore le zèle de Daniel. Imitons-le, nous qui avons des privilèges et des bénédictions d’un ordre plus élevé ! Demandons au Seigneur d’être remplis du saint désir de le servir.

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Auteur et  date
« Daniel » signifie « Mon juge est Dieu ». Daniel a été emmené captif à Babylone par Nebucadnetsar en l’an 605 avant Jésus Christ (2 Rois 24, 1; 2 Chron. 36, 6,7; Dan. 1, 1,2). Daniel, avec d’autres, a été choisi pour assumer, après avoir reçu une instruction complète, un service à la cour chaldéenne. Daniel, qui faisait partie des descendants de la maison royale juive, devait avoir moins de vingt ans au début de sa captivité. Daniel, avec ses trois amis, était fidèle et ferme. Les premiers chapitres en rendent témoignage. Selon le ch. 2, 48, Daniel a eu des fonctions très importantes sous Nebucadnetsar. Puis il n’est plus question de lui jusqu’au temps de Belshatsar qui régnait comme vice-roi en l’absence de Nabonide, son père. A cette époque, Daniel était déjà un vieillard.
Après la conquête de Babylone par les Mèdes, Daniel faisait partie d’un triumvirat qui dominait sur les cent vingt satrapes de l’empire médo-perse (Dan. 6, 2,3). Nous sommes alors en l’an 539-538 av JC. La dernière date que l’on trouve dans ce livre est celle de la troisième année de Cyrus le Perse soit l’an 536-535 av JC. Daniel avait donc près de nonante ans lorsqu’il écrivit ses dernières visions.
Daniel était contemporain d’Ezéchiel qui mentionne trois fois Daniel dans son livre (Ez 14, 14,20; 28, 3). Daniel connaissait aussi le livre de Jérémie (voir Dan. 9, 2). Daniel est aussi cité par le Seigneur (Matt 25, 15 à cf avec Dan. 11, 31, etc). En Héb. 11, 33, en rapport avec ceux qui fermèrent la gueule des lions, Daniel en fait partie.
Ce livre a bien-entendu aussi été attaqué par les critiques incrédules dès le 3ème siècle après JC dont un certain Porphyre de Tyr considère le livre de Daniel comme étant dû à un Juif du 2ème siècle av JC. Les commentateurs modernes soutiennent de semblables critiques. La cause de ces attaques, les mêmes que celles à propos du livre d’Esaïe, ont leur source dans le fait que les incrédules ne veulent pas croire à l’exactitude des prophéties de ces livres. Pour la foi, il n’y a pas de difficulté car toutes choses sont révélées aux prophètes par le Seigneur, l’Eternel, lui-même (cf Amos 3, 7).




Son but

Dans la bible hébraïque, Daniel fait partie des « Ecritures » (ketubim) et pas des prophètes. Les Ecritures constituent la troisième et dernière partie de l’AT. Daniel y est placé entre Esther et Esdras. Daniel est écrit en partie en araméen (ch. 2, 4 à 7, 28). C’était la langue administrative des Babyloniens et des Perses. On peut expliquer cela du fait que Daniel a prophétisé principalement sur les nations païennes. Israël et Juda fait aussi l’objet de prophéties de Daniel tout en prenant peu de place. Le grand thème du livre de Daniel est bien connu. Ce sont les quatre puissances qui ont dominé l’histoire mondiale après la chute de Jérusalem. Cette domination durera jusqu’à l’apparition de Christ avant le règne de mille an. Le NT mentionne cette période comme étant le temps des nations (Luc 21, 24). Le Dieu des cieux et de la terre (Gen. 14, 19) est désormais le Dieu des cieux et c’est sous ce nom que Dieu est mentionné à quatre reprises dans Daniel qui le mentionne aussi une fois comme le roi des cieux et une fois comme le Seigneur des cieux. Pendant le temps des nations, Dieu remet le pouvoir entre les mains des nations païennes en attendant que Christ domine sur le monde.
Ce livre est utile pour les chrétiens du temps de la grâce car ce temps, pendant lequel l’Eglise se forme, est compris dans le temps des nations dans lesquels nous vivons actuellement. Ce qui est décrit dans le livre de Daniel est ainsi du plus profond intérêt. Ce livre comprend deux grandes divisions. Les chapitres 1 à 6 et 7 à 12. La première partie présente d’abord ce qui concerne un résidu fidèle puis la description des différents évènements historiques concernant la vie de Daniel avec l’interprétation de songes. La deuxième partie présente une nouvelle révélation à propos des quatre empires universels. Cette fois, sous un aspect divin. Le dernier chapitre forme la conclusion du livre et s’adresse au résidu fidèle. Des relations évidentes existent entre Daniel et les révélations du NT touchant l’avenir. Matthieu ch. 24 et 25, ainsi que 2 Thessaloniciens ch. 1 et 2, et bien sûr l’Apocalypse, donnent un complément, resp une vue plus large des révélations que Daniel a reçu. Il faut considérer les prophéties dans leur ensemble pour comprendre sobrement et sûrement les événements futurs.




Ses particularités

Parmi les particularités de ce livre, mentionnons les septante semaines du ch. 9, 24 à 27 et l’histoire des quatre empires universels. Quelques notes :
 

Les septante semaines

Il y a des indications précises en rapport avec la venue du Messie. Ce sont des semaines d’années (cf Lév. 25, 8). Trois périodes s’y trouvent. D’abord sept semaines ou quarante-neuf ans, puis soixante-deux semaines ou quatre cent trente-quatre ans (49 + 434 = 483), et enfin une semaine ou sept ans, à savoir un total de 490 ans. Le point de départ a lieu lors de l’ordre de rebâtir Jérusalem, soit en 445 av. J.C., sous Artaxerxès (Néh. 2). Puis Daniel mentionne quarante-neuf ans pendant lesquels, non sans difficultés, Jérusalem fut rebâtie. Le récit se trouve en partie dans le livre de Néhémie. Puis la période suivante de soixante-deux semaines conduisent jusqu’au Messie…. avec son retranchement. Cela se rapporte donc à la mort et à l’ascension de Jésus Christ. Dans la prophétie, les années prophétiques comptent trois cent soixante jours ce qui fait un total de 173880 jours (483 x 360). En raison des années bissextiles, cela fait 476 années de calendrier et on arrive finalement à l’an 31/32 apr J.C. Selon une source plus ancienne, l’ordre d’Artaxerxès fut donné en 445 av J.C. Si l’on soustrait 483 ans, on arrive à l’an 28 apr. J.C.

Quant à la dernière semaines d’années, elle n’est pas encore accomplie. Cette dernière semaine commencera après l’enlèvement des croyants de l’époque de l’Eglise qui constitue une parenthèse dans l’histoire prophétique. Selon Dan. 9, 27, elle sera divisée en deux et la deuxième moitié est mentionnée plusieurs fois et sous différentes formes dans l’Apocalypse (12, 14 à cf avec Dan. 7, 25; 11, 2; 13, 5; 11, 3; 12, 6).
En partant du principe selon lequel il s’agit toujours de la même période de trois ans et demi, on admet que ces années prophétiques comportent douze fois trente jours soit trois cent soixante jours.

L’histoire des quatre empires universels
A cet égard, dans les ch. 2 et 7, le Dieu des cieux considère l’histoire du monde d’un autre point de vue que l’homme. Pour Dieu, Israël est le peuple le plus important de la terre (Deut. 32, 8 et 9) et le pays de la Palestine en est le centre ou le nombril de la terre (Ez. 38, 12). Mais en raison de ses infidélités, Israël est rejeté (Lo-Ammi) et Dieu voit l’histoire du monde comme la succession de quatre grands empires universels que sont Babylone, la Perse, la Grèce et Rome. En Dan. 2, ces empires paraissent sous la forme d’une statue qui est finalement anéantie par une pierre sans intervention humaine. Et en Dan. 7, le prophète reçoit une vision de la part de Dieu et décrit ces empires comme des bêtes féroces, sauvages, sans intelligence et qui, à la fin, subissent leur jugement. Dans ces ch. 2 et 7: Babylone est ainsi représentée par la tête d’or et le lion aux ailes d’aigles (voir ch. 2, 37 et 38). La Perse par la poitrine et les bras d’argent ainsi que par l’ours (voir ch. 5, 28 et 6, 1). La Grèce par le ventre et les cuisses d’airain ainsi que par le léopard (voir ch. 8, 20 et 21). Rome par les jambes de fer et les pieds de fer et d’argile ainsi que par une bête avec dix cornes (voir Apoc. 13, 1; 17, 3,7,12). Ce dernier empire était en place lors de la première venue de Christ puis elle a disparu au Moyen Age mais selon Apoc. 17, 8 elle renaîtra puis sera anéantie avec les autres nations avant le Millénium (Dan. 2, 44-45; 7, 11-14; Apoc. 1319, 19-21, etc).





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